(Reuters) - Boeing (NYSE:BA) , déficitaire au premier trimestre, a annoncé mercredi qu'il allait réduire ses effectifs de 10% environ et ralentir encore la cadence de production de son modèle 787 face à la perspective d'une baisse durable de la demande sur le marché du transport aérien pour cause de pandémie.
L'action du groupe aéronautique américain gagnait néanmoins 3,8% en début de séance à la Bourse de New York, l'une des plus fortes progressions de l'indice phare Dow Jones, alors en hausse de 1,76%.
L'avionneur américain profite notamment de la confiance qu'il affiche sur sa capacité à réunir les liquidités suffisantes pour financer ses activités. Mardi, Reuters a rapporté qu'il travaillait avec ses banques à un projet d'emprunt obligataire d'un montant d'au moins dix milliards de dollars.
Le mois dernier, Boeing a utilisé la totalité de la ligne de crédit de 13,8 milliards de dollars dont il disposait et il envisage désormais de solliciter des aides publiques.
"Il faudra des années pour que le secteur aérien retrouve les niveaux de trafic que nous connaissions il y a seulement quelques mois. Nous devons nous préparer à cela", a déclaré le PDG, Dave Calhoun, dans une lettre adressée aux salariés mercredi.
La majorité des réductions d'effectifs prévues toucheront la division d'aviation commerciale. Au total, le groupe emploie environ 160.000 salariés dans le monde.
L'impact de la pandémie de coronavirus sur le marché du transport aérien est venu s'ajouter à celui de l'immobilisation du 737 MAX après deux catastrophes ayant fait plus de 300 morts.
LA PRODUCTION VA BAISSER POUR LE 737 MAX, LE 787 ET LE 777
En janvier, Dave Calhoun avait déclaré que la production du 737 MAX pourrait reprendre en avril, donc en avance sur le calendrier évoqué jusqu'alors, mais la crise sanitaire a remis en cause ce scénario.
Boeing prévoit désormais une reprise de la production du 737 MAX à un niveau bas d'ici la fin de l'année, avec pour objectif d'atteindre 31 exemplaires par mois dans le courant de l'an prochain.
Selon les informations de Reuters, le feu vert des autorités concernées pourrait ne pas intervenir avant le mois d'août.
Le groupe prévoit par ailleurs de ramener la production du 787, un modèle plus gros, à sept exemplaires par mois d'ici 2022. En octobre, il avait annoncé son intention de l'abaisser à 12 unités par mois fin 2020 contre 14 à l'époque, et il avait ramené depuis cet objectif à 10 exemplaires à l'horizon du début 2021.
La production combinée du 777 et du 777X doit quant à elle revenir de cinq à trois exemplaires par mois en 2021.
Avant même le choc de la pandémie de coronavirus, la demande mondiale souffrait des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.
Sur les trois premiers mois de cette année, Boeing accuse une perte nette de 1,70 milliard de dollars (1,57 milliard d'euros environ), soit 1,70 dollar par action, contre un bénéfice de 1,99 milliard (3,16 dollars/action) un an plus tôt. Son chiffre d'affaires a chuté de 26% sur un an, à 16,9 milliards de dollars.
Airbus (PA:AIR), le grand concurrent européen de Boeing, a annoncé de son côté une perte nette de 481 millions d'euros au premier trimestre et un recul de 15% de son chiffre d'affaires.
(Ankit Ajmera et David Shepardson; version française Claude Chendjou et Marc Angrand, édité par Henri-Pierre André)