par Nidal al-Mughrabi et Ari Rabinovitch
GAZA/JERUSALEM (Reuters) - L'aviation israélienne a bombardé dimanche une école gérée par l'UNRWA, l'agence de l'Onu chargée de l'aide aux réfugiés palestiniens, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, faisant dix morts et une trentaine de blessés, alors que les combats font rage entre Israël et le Hamas.
L'armée israélienne a annoncé procéder à des vérifications au sujet de cette attaque, la deuxième à toucher une école en moins d'une semaine.
Au 27e jour de l'opération "Bordure protectrice", les médias israéliens annoncent que les troupes israéliennes ont pour l'essentiel quitté la bande de Gaza. Des images de Reuters TV montrent une colonne de chars israéliens et des dizaines de fantassins en train de quitter l'enclave palestinienne.
L'armée israélienne ne va pas jusqu'à qualifier ces manoeuvres de retrait et parle plutôt de redéploiement par la voix de son porte-parole le lieutenant-colonel Peter Lerner.
"C'est vrai, nous enlevons des troupes de la ligne de front mais la mission se poursuit. Les forces au sol sont opérationnelles, ainsi que les forces aériennes", commente-t-il.
L'armée a dit aux habitants de certains quartiers évacués qu'ils pouvaient rentrer chez eux, a-t-il ajouté.
A Rafah, près de la frontière égyptienne où l'armée israélienne pourchasse les activistes palestiniens, des témoins et des médecins ont rapporté que l'entrée de l'école, qui abrite plusieurs centaines de Palestiniens ayant fui leur domicile, avait été touchée par un missile.
Selon le porte-parole du ministère gazaoui de la Santé, Achraf al Kidra, dix personnes ont été tuées et 30 blessées.
CADAVRES DANS LA RUE
Depuis le début de "Bordure protectrice", le 8 juillet, plusieurs écoles gérées par l'agence onusienne ont été victimes de frappes israéliennes, comme à Djabalia, dans le nord du territoire, mercredi dernier, où 15 personnes au moins ont perdu la vie. L'armée israélienne a dit avoir répliqué à des tirs d'obus de mortier menés à proximité.
Dimanche, avant le bombardement de l'école, de nouveaux raids israéliens avaient fait au moins 30 morts, dont neuf membres d'une même famille, toujours à Rafah.
La veille au soir, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait annoncé qu'une fois menée à bien la destruction des tunnels creusés par les activistes palestiniens, l'armée israélienne poursuivrait quand même ses opérations "jusqu'à ce que nous ayons atteint notre objectif de rétablissement de votre sécurité, citoyens d'Israël".
Un habitant de Rafah, Achraf Goma, a expliqué que les forces israéliennes étaient en train de bombarder la ville par les airs, du sol et à partir de la mer, empêchant la population de s'occuper des blessés et des morts.
"Les blessés sont dans la rue en train de saigner, des cadavres sont allongés dans la rue et personne ne peut aller les recouvrir", raconte ce chef de section du Fatah, la principale composante de l'OLP.
"J'ai vu un homme, ajoute-t-il, apporter sept corps à l'hôpital sur une charrette. Des corps sont conservés dans des réfrigérateurs à glace, dans des centrales froides pour les fleurs et les légumes", ajoute-t-il.
Selon l'armée israélienne, 55 roquettes palestiniennes ont pour l'instant été tirées dimanche sur Israël à partir de Gaza.
Une cache de 150 obus de mortiers a été découverte par les soldats israéliens dans le sud de la bande de Gaza, indique le communiqué de Tsahal. La découverte a été faite après un combat avec des Palestiniens qui étaient sortis d'un tunnel et d'autres qui se préparaient à lancer un missile antichar à partir d'une maison du secteur.
AVANCÉE PEU PROBABLE
Au Caire, les négociations pour conclure une nouvelle trêve devait reprendre dimanche. Une délégation du Hamas et du Djihad islamique est arrivée dimanche dans la capitale égyptienne, mais une avancée semble peu probable en l'absence de représentants d'Israël.
Après avoir accusé le Hamas d'avoir rompu la trêve de 72 heures qui devait entrer en vigueur vendredi, Israël est revenue sur sa décisions d'envoyer des émissaires.
Des représentants de l'Autorité palestinienne, implantée en Cisjordanie, se trouvent également au Caire où sont attendus le vice-secrétaire d'Etat américain William Burns et l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair.
Le bilan humain de "Bordure protectrice" frôle désormais les 1.800 morts (1.770) dans le territoire palestinien, en majorité des civils, selon les services de santé de l'enclave
Côté israélien, 64 militaires sont morts, auxquels s'ajoutent trois civils tués par des tirs de roquettes.
Plus de 30 tunnels et des dizaines de puits d'accès ont été découverts et sont en train d'être dynamités, selon l'armée. Les tunnels devraient être tous détruits "dans les vingt-quatre heures environ", estime le lieutenant-colonel Peter Lerner.
Dans la nuit, l'état-major des Forces israéliennes de défense (IDF) a annoncé que le soldat Hadar Goldin, porté disparu vendredi matin après une attaque du Hamas dans le secteur de Rafah, avait été tué au combat.
Israël avait accusé dans un premier temps le Hamas de l'avoir enlevé. La branche armée du mouvement islamiste avait démenti, tout en supposant que Goldin avait été tué lors d'une embuscade, également fatale à deux autres soldats israéliens vendredi matin.
(Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André et Danielle Rouquié pour le service français)