ArcelorMittal, confronté à une situation économique en Europe qu'il estime pire qu'attendu, entend continuer à faire tourner les usines les plus compétitives au détriment des autres, tout en poursuivant ses cessions d'actifs non stratégiques pour se désendetter.
ArcelorMittal a annoncé mercredi, dans son communiqué de résultats trimestriels, tabler sur une baisse des ventes d'aciers au deuxième semestre, après avoir communiqué un bénéfice en forte baisse au deuxième trimestre sur un an.
"Les conditions du marché ont constitué un véritable défi au premier semestre", a indiqué le PDG Lakshmi Mittal dans le communiqué.
Le bénéfice net au deuxième trimestre recule de 37% sur un an à 959 millions de dollars, mais est en progression par rapport au premier trimestre 2012, lors duquel le groupe avait enregistré un résultat net positif de 11 millions.
Le chiffre d'affaires recule également à 22,5 milliards de dollars contre 25,1 milliards un plus tôt, tout en étant stable par rapport au premier trimestre.
Mais c'est surtout la situation en Europe qui inquiète le groupe, qui a constaté une nouvelle baisse de l'activité, particulièrement marquée en Europe du sud.
Dans un communiqué séparé, ArcelorMittal a annoncé avoir enregistré une perte opérationnelle de 340 millions de dollars dans sa production d'aciers plats en Europe. Cette perte est néanmoins réduite par rapport au second semestre 2011 (499 M USD).
Lors d'une conférence téléphonique suivant l'annonce de ses résultats, le directeur financier du groupe, Aditya Mittal, a évoqué un possible "rebond technique au quatrième trimestre" en Europe.
De nouvelles mises en veille ne sont "pas exclues" Il n'a cependant pas exclu de nouvelles mises en veille ou fermetures de hauts-fourneaux en Europe, même si pour l'instant, le groupe compte "suivre le plan de septembre dernier" qui semble "adapté" à la baisse de l'activité.
"Nous ne changeons pas, ni n'amplifions notre programme d'optimisation à cause de la situation économique de 2012", a-t-il expliqué.
Ce plan dit "d'optimisation des actifs" consiste, face à une demande morose, à faire tourner les usines les plus compétitives et à mettre en veille, voire à arrêter, les autres. Il doit permettre au groupe d'économiser un milliard de dollars par an.
Aditya Mittal a précisé qu'en Europe, 16 hauts-fourneaux du groupe sur 25 étaient actuellement en fonctionnement.
La mise en veille concerne notamment Florange, en Lorraine. L'arrêt de ce site a été prolongé de six mois début juin, et le groupe a conditionné son redémarrage à une reprise économique en Europe.
Deux autres hauts-fourneaux ont par ailleurs déjà été fermés en Belgique, ainsi que des aciéries électriques en Espagne et au Luxembourg.
ArcelorMittal poursuit également sa cession d'actifs non stratégiques avec pour objectif de réduire sa dette.
Il a ainsi annoncé en marge de ses résultats la cession de sa participation de 48,1% dans la société d'ingénierie Paul Wurth au groupe de génie mécanique allemand SMS pour 300 millions d'euros.
Lors des derniers mois, il avait vendu pour 605 millions de dollars ses activités de distribution de formage d'acier en Amérique du Nord et centrale à son concurrent américain Nucor et cédé pour 330 millions d'euros ses 23,48% dans Enovos, un groupe luxembourgeois de transport et de fourniture d'électricité et de gaz naturel aux collectivités.
La dette du groupe sidérurgique s'élevait fin juin à 22 milliards de dollars, en baisse de 1,6 milliard, "au-delà de l'objectif semestriel", selon Lakshmi Mittal.
Les marchés saluaient mercredi matin les résultats du groupe, notamment une rentabilité un peu plus solide que prévu au deuxième trimestre.
A 10H52 (08H52 GMT), la valeur prenait 2,26% à 12,00 euros, tandis que le CAC 40 gagnait 0,43%.