Les syndicalistes de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, près de Rouen, ont accueilli sans surprise le retrait du fonds libyen sur lequel ils ne fondaient pas beaucoup d'espoir et demandent, plus que jamais, au gouvernement, de "prendre ses responsabilités".
"Toutes les infos qui nous remontaient de Libye nous indiquaient que cela ne bougeait pas beaucoup là-bas", a assuré à l'AFP Yvon Scornet, porte-parole de l'Intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC de l'usine placée en redressement judiciaire en janvier à la suite de la faillite de sa maison-mère suisse.
Le syndicaliste rappelle que la Libye était encore en guerre il y a quelques mois et qu'il vient de changer de gouvernement. "Comment s'intéresser à des investissements hors de ses frontières quand son pays est en pleine reconstruction?" s'est-il-interrogé.
La Libyan Investment Authority (LIA) a démenti lundi toute intention d'investir dans cette raffinerie de 470 salariés, en liquidation depuis le 16 octobre. "Les informations rapportées à ce propos ne sont pas justes et les médias n'ont pas pris la peine de les vérifier", a affirmé ce fonds dans un communiqué.
Selon l'intersyndicale et la direction, la LIA, "sollicitée par le gouvernement français", avait pourtant bien déposé début novembre auprès du tribunal de commerce de Rouen une lettre d'intention "non-engageante" mais marquant son intérêt pour la raffinerie.
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, s'était même rendu en Libye pour tenter de convaincre la LIA d'investir dans l'Hexagone, aux côtés de son homologue français, le Fonds stratégique d'investissement (FSI), dans une société "publique" qui aurait repris la raffinerie.
Ce démenti pourrait très vraisembablement être lié au changement de gouvernement en Libye intervenu le 14 novembre et aux critiques acerbes relayées par les médias et sur Facebook contre l'intérêt porté par la LIA à "une raffinerie en faillite".
Prochaine audience le 4 décembre
Après ce démenti, l'intersyndicale va demander au gouvernement "de prendre toutes ses responsabilités", lors d'une réunion de travail prévue mardi soir à Matignon. Aux yeux des syndicalistes, il dispose de trois solutions: faciliter une cession à l'un des candidats en lice, obliger Shell, l'ancien propriétaire, à reprendre la raffinerie, ou, à défaut, la nationaliser.
Les syndicalistes se font d'autant plus pressants que la raffinerie se rapproche à nouveau de la zone dangereuse. La date limite de dépôt des offres a certes été repoussée au 5 février - notamment pour donner du temps à la LIA - mais le maintien de cette échéance est conditionnée à la poursuite de l'activité.
Et celle-ci dépend de la prolongation du contrat de travail à façon signé avec Shell qui permet à la raffinerie de fonctionner à nouveau depuis juin et qui expire le 15 décembre. Des négociations sont en cours avec le groupe anglo-néerlandais et le tribunal devra dire lors d'une audience prévue le 4 décembre si les conditions sont réunies pour autoriser cette poursuite de l'activité.
Lors de cette audience, les candidats à la reprise devront se présenter et faire le point sur l'état d'avancement de leur dossier. Début novembre, le tribunal disposait d'une seule offre: elle émanait du groupe NetOil basé à Dubaï mais elle devait encore être complétée.
Six autres candidats potentiels s'étaient déclarés simplement intéressés: la LIA, aujourd'hui hors course, Alafandi Petroleum Groupe (APG) basé à Hong Kong, l'irakien Jabs Gulf Energy Ltd, l'iranien Tadbir Energy Development Group, ainsi que les suisses Activapro AG et Terrae International.