par Michelle Nichols
NATIONS UNIES (Reuters) - La Syrie, où la Russie et les Etats-Unis s'efforcent de consolider un cessez-le-feu précaire, sera la principale préoccupation des 135 chefs d'Etat et de gouvernement attendus la semaine prochaine au siège des Nations unies.
Cette 71e Assemblée générale de l'organisation sera la dernière pour Barack Obama, qui lancera un appel à l'aide en faveur des réfugiés, et pour Ban Ki-moon, secrétaire général de l'Onu, dont le mandat s'achève à la fin de l'année.
"Beaucoup de conflits provoquent d'énormes souffrances, mais aucun ne cause autant de décès, de destruction et d'instabilité à grande échelle que la guerre de Syrie qui s'aggrave. Les grandes puissances ayant une influence ont le devoir d'en faire usage et de saisir cette dernière chance de parvenir à une solution politique", a déclaré mercredi le diplomate sud-coréen, qui aura passé dix ans à la tête de la "maison de verre".
Le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), auquel appartiennent les Etats-Unis et la Russie, se réunira probablement mardi, en marge de l'Assemblée générale et à la veille d'une séance du Conseil de sécurité consacrée au conflit, dit-on de sources diplomatiques.
Moscou souhaitait voir le Conseil entériner l'accord de cessez-le-feu conclu avec les Etats-Unis, qui est entré en vigueur lundi soir, mais a jugé vendredi peu probable qu'une résolution soit adoptée, dans la mesure où Washington ne souhaite pas porter les dispositions de la trêve à la connaissance des autres Etats membres.
Selon Ben Rhodes, conseiller adjoint de la Maison blanche à la sécurité nationale, les discussions de la semaine prochaine à New York "seront centrées la situation en Syrie, la réponse à apporter au dernier essai nucléaire nord-coréen et aux efforts déployés par de nombreux Etats membres de l'Onu" pour combattre l'Etat islamique.
Le conflit syrien, qui a éclaté en mars 2011, a fait près de cinq millions de déplacés et 6,5 millions de réfugiés. Toutes nationalités confondues, le total des déracinés a atteint l'an dernier le chiffre sans précédent de 65,3 millions.
"LE MONDIAL DE LA DIPLOMATIE"
Lundi, à la veille de l'ouverture de l'Assemblée générale, les 193 Etats membres doivent adopter une déclaration sur le sujet. Le texte non contraignant ne reprend pas l'appel de Ban Ki-moon à la réinstallation annuelle de 10% des réfugiés et les mouvements de défense des droits de l'homme le jugent insuffisant.
Le lendemain, Barack Obama présidera un sommet sur le financement de l'aide humanitaire, dont l'objectif est d'augmenter les contributions d'un tiers et de doubler le nombre de réinstallations annuelle. Seuls les Etats désireux de faire des promesses de dons peuvent y participer.
"Nous n'allons pas résoudre la crise des réfugiés mardi, mais je pense que vous assisterez à une importante démonstration de détermination politique de la part des dirigeants du monde entier", a commenté jeudi Samantha Power, représentante permanente des Etats-Unis à l'Onu.
Les conflits sud-soudanais, yéménite, irakien et libyen feront également l'objet de réunions en marge de l'Assemblée générale, qui se tient toute la semaine. La mise en oeuvre de l'accord sur le programme nucléaire iranien conclu le 14 juillet 2015 et le conflit israélo-palestinien devraient également être abordés.
Au total, 1.100 rencontres bilatérales sont programmées. "C'est le Mondial de la diplomatie", a résumé Stéphane Dujarric, porte-parole de l'Onu.
Concernant la lutte contre le réchauffement climatique, une vingtaine d'Etats ont annoncé leur intention de ratifier l'accord de Paris, mercredi, à New York. Il n'entrera en vigueur qu'une fois ratifié par 55 pays responsables ensemble d'au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre. A ce stade, 27 Etats, dont les Etats-Unis et la Chine, représentant 39% des émissions l'ont fait.
Enfin, la succession de Ban Ki-moon va probablement donner lieu à de nombreuses discussions. Après trois tours de scrutin au Conseil de sécurité, l'ancien Premier ministre portugais Antonio Guterres reste favori. Un quatrième tour aura lieu le 26 septembre. Le candidat retenu par consensus sera ensuite recommandé à l'Assemblée générale, qui sera chargée de l'élection.
(Jean-Philippe Lefief pour le service français)