par Natalia Zinets et Gabriela Baczynska
KIEV (Reuters) - Le président ukrainien Volodimir Zelenski a signé jeudi un decret visant à augmenter les effectifs de l'armée de 100.000 personnes en trois ans et relever la solde des soldats, ce qui selon lui n'est pas pour autant un signe d'un conflit imminent avec la Russie.
"Ce décret marque le début de la transition de l'Ukraine vers une armée professionnelle", a-t-il déclaré au parlement. "Ce décret (n'existe) pas parce que la guerre arrive bientôt (...) mais pour que la paix soit établie en Ukraine."
Les effectifs de l'armée ukrainienne s'élèvent actuellement à 250.000, bien en dessous de ceux de la Russie.
Lors de son entretien téléphonique avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a réaffirmé que Washington était prêt à poursuivre le dialogue, en exhortant toutefois la Russie à "une désescalade immédiate et au retrait des troupes et des équipements des frontières ukrainiennes".
Le président ukrainien a en outre exhorté les parlementaires à rester calmes et unis, à ne pas semer la panique et à ne pas exploiter les tensions avec la Russie à des fins politiques.
Bien que la Russie ait massé des troupes à la frontière ukrainienne, Volodimir Zelenski remet en cause l'idée que la Russie puisse attaquer à tout moment, malgré les avertissements des États-Unis et de leurs alliés de l'Otan.
La Russie justifie ses manoeuvres militaires aux frontières de l'Ukraine et ses exigences en matière de sécurité par le fait qu'elle se sent menacée par le déploiement des forces de l'Otan à ses frontières et se contente de répondre aux "provocations" de l'Alliance.
L'Ukraine a déclaré travailler avec la Pologne et le Royaume-Uni pour renforcer la coopération "dans le contexte de l'agression russe en cours".
Lors d'une visite à Kiev, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a déclaré que Varsovie aiderait l'Ukraine en lui fournissant du gaz et des armes, ainsi qu'une aide humanitaire et économique.
"En vivant près d'un voisin comme la Russie, nous avons l'impression de vivre au pied d'un volcan", a déclaré Mateusz Morawiecki, promettant à Kiev des munitions d'artillerie, des mortiers, des systèmes de défense aérienne portables et des drones de surveillance.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est également rendu à Kiev mardi afin de manifester le soutien des Occidentaux à l'Ukraine et convaincre le président russe Vladimir Poutine qu'il paiera le prix fort en cas d'agression.
"Nous exhortons la Russie à prendre du recul et à engager le dialogue afin de trouver une solution diplomatique et d'éviter une nouvelle effusion de sang", a déclaré Boris Johnson dans des éléments de langage diffusés avant son arrivée.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, se rendra quant à lui en Ukraine les 7 et 8 février avec son homologue allemande Annalena Baerbock.
(Reportage bureau de Moscou et Kanishka Singh à Bangalore, rédigé par Mark Trevelyan, Timothy Heritage et Matthias Williams; version française Valentine Baldassari et Anait Miridzhanian, édité par Sophie Louet)