PARIS (Reuters) - Casino a annoncé vendredi avoir conclu un accord de principe attendu de longue date avec ses principaux créanciers sur la restructuration de sa dette, une étape cruciale pour l'avenir du distributeur stéphanois en grande difficultés financières.
Cette restructuration devrait conduire à la perte de contrôle de Rallye, la maison-mère, et de celle de son dirigeant Jean-Charles Naouri, après 30 ans de main-mise sur le groupe.
Elle ouvre par ailleurs la voie à un accord sur l'offre d'apport en fonds propres portée par les hommes d'affaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, respectivement deuxième et troisième actionnaires de Casino.
Dans un communiqué, ces derniers, associés avec le premier créancier sécurisé du groupe Attestor, ont dit travailler "à préparer l’avenir" de Casino.
"L’heure est venue de reprendre la conquête et la croissance", a déclaré Daniel Kretinsky cité dans le communiqué.
Grevé par un endettement de plus de six milliards d'euros, Casino a lancé fin mai une procédure de conciliation avec ses créanciers.
Vendredi, le groupe a dit être parvenu à un accord avec EP Global Commerce et Fimalac - les sociétés respectives de Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière - ainsi qu'avec Attestor et des créanciers détenant plus des deux tiers du "Term Loan B" en vue du renforcement des fonds propres et de la restructuration de son endettement financier.
PROCÉDURE DE SAUVEGARDE ACCÉLÉRÉE
L'accord de principe, qui a été approuvé par le conseil d'administration de Casino, doit permettre l'ouverture d'une procédure de sauvegarde accélérée au mois d'octobre et la réalisation effective de toutes les opérations de restructuration au cours du premier trimestre 2024.
Des groupes bancaires français (détenant, ensemble avec certains des créanciers susvisés, plus des deux tiers du RCF) ont confirmé à Casino leur accord de principe sur les principaux termes de la restructuration, a fait savoir le groupe.
A la Bourse de Paris, l'action Casino, dont la cotation avait été suspendue la veille, a repris sur une chute de 10% dans la matinée.
Outre le changement de contrôle, la restructuration de la dette va se traduire par une dilution massive des actionnaires existants de Casino.
Les investisseurs réagissent aussi à l'annonce, jeudi, par Casino d'une perte opérationnelle de 233 millions d'euros au premier semestre en raison des difficultés de ses enseignes de super et hypermarchés dans un contexte de baisse des prix.
Selon le projet de Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et Attestor, des liquidités à hauteur de 1,2 milliard d’euros vont être injectées afin de sortir le groupe "de son impasse de court terme et d’engager dès la réalisation de l’opération les investissements les plus urgents".
Le projet prévoit un renforcement des équipes dans les magasins ainsi que dans les entrepôts et une relance de l'enseigne de commerce en ligne Cdiscount.
Il s'engage aussi à maintenir le siège social de Casino et ses effectifs à Saint-Etienne (Loire) où le groupe est historiquement implanté.
(Rédigé par Blandine Hénault, avec Dominique Vidalon, édité par Tangi Salaün et Kate Entringer)