La Chine a annoncé vendredi un resserrement de sa politique monétaire pour l'an prochain, présageant de nouvelles hausses de taux d'intérêt, selon les analystes, alors que la deuxième économie mondiale cherche à endiguer une inflation qui s'accélère.
La hausse des prix à la consommation, qui atteint en octobre 4,4%, son plus haut niveau en plus de deux ans, est alimentée par la grande quantité d'argent injectée dans l'économie chinoise depuis la crise financière mondiale.
Le Bureau politique du Parti communiste, la plus haute instance dirigeante du pays, a annoncé que la politique monétaire, jusqu'ici "relativement accommodante" allait devenir "prudente", a rapporté l'agence Chine nouvelle.
En 2011, Pékin mettra en oeuvre "une politique monétaire ciblée, flexible et efficace", selon l'agence officielle.
L'inflation, qui a été par le passé à l'origine de troubles sociaux en Chine, inquiète particulièrement le gouvernement qui a annoncé le mois dernier qu'il se tenait prêt à recourir si nécessaire au contrôle des prix des denrées de base.
L'annonce d'un resserrement monétaire intervient avant une réunion, prévue courant décembre, des plus hauts dirigeants pour définir les grandes orientations économiques du pays, alors que la Chine élabore actuellement son 12ème plan quinquennal pour la période 2011-2015.
"C'est un signal très clair que des hausses de taux d'intérêt sont imminentes", a déclaré à l'AFP Brian Jackson, économiste à la Royal Bank of Scotland.
"Les taux (actuels) sont trop bas au regard de l'inflation. Ils ont seulement progressé de 25 points de base (0,25 point de pourcentage, ndlr) depuis le le début 2009, c'est de plus en plus inadapté à la situation actuelle", a ajouté cet analyste.
Un resserrement "était largement attendu. Nous avons déjà vu le début d'un resserrement de politique monétaire", a constaté de son côté Stephen Green, de la banque Standard Chartered à Shanghai. Des hausses de taux d'intérêt pourraient intervenir "à tout moment durant les semaines à venir", selon lui.
Afin de lutter contre l'inflation et la hausse des prix dans l'immobilier, la banque centrale a relevé pour la première fois en près de trois ans les taux d'intérêt au mois d'octobre et augmenté cinq fois cette année les taux de réserves obligatoires des banques, après avoir massivement injecté des liquidités dans l'économie durant la crise financière mondiale.
Les mesures de soutien s'étaient élevées à 4.000 milliards de yuans (455 milliards d'euros) et le gouvernement avait ouvert très largement les vannes du crédit, tandis que les autorités locales ont créé des structures ad hoc pour pouvoir s'endetter et investir.
Ces investissements ont notamment créé une envolée des prix dans le secteur immobilier et ont fragilisé les banques. Selon une enquête gouvernementale rapportée par la presse en octobre, environ 26% des 7.660 milliards de yuans (871 milliards d'euros) prêtés à ces sociétés créées par des municipalités, districts ou provinces sont considérés comme risqués.
La semaine dernière, un haut responsable de la banque centrale avait par ailleurs mis en garde contre les afflux de capitaux spéculatifs en Chine qui tablent sur une appréciation du yuan et alimentent, eux aussi, l'inflation.
Selon le communiqué de la réunion du Bureau politique, présidée par le président Hu Jintao, la Chine va également lutter contre les projets de "construction aveugles et redondants", tout en "renforçant le travail d'économies d'énergie et de protection de l'environnement".
La Chine promet enfin d'"assurer une croissance stable du commerce extérieur et d'agir pour augmenter les importations" alors que ses principaux partenaires se plaignent des déséquilibres de leurs échanges commerciaux en faveur de Pékin.