PARIS (Reuters) - Le président du parti Les républicains (LR, droite) prône une Commission européenne recentrée et privée de certains de ses pouvoirs, dans une tribune publiée samedi dans Le Monde, quelques jours après l'appel à la "renaissance" européenne lancé par Emmanuel Macron dans une lettre à tous les Européens.
Dans sa tribune intitulée "Il y a un autre chemin pour l'Europe", Laurent Wauquiez dit vouloir se situer entre la "fuite en avant" du chef de l'Etat, français accusé de vouloir "toujours plus de l'Europe qui n'a pas marché", et "la déconstruction de l'Union européenne" que veulent à ses yeux l'extrême droite et la droite souverainiste françaises.
Pour "organiser l'Europe", l'ancien ministre chargé des Affaires européennes propose de créer des "blocs de coopération" en fonction des sujets sur lesquels voudront travailler tel ou tel Etat, "car aujourd'hui les pays qui ne veulent plus avancer bloquent tout l’édifice".
De fait, la France, prenant acte de l'impossibilité de taxer une partie du chiffre d'affaires des géants du numérique, les "Gafa", au niveau européen pour répondre à leur stratégie d'évitement de l'impôt, a lancé son propre projet de taxation nationale, mercredi dernier.
Quatre pays, le Danemark, la Finlande, l'Irlande et la Suède, sont en effet opposés à cette taxe. Or, l'unanimité est de rigueur au sein de l'Union européenne pour décider d'une nouvelle taxe.
Dans ce contexte d'une Europe à géométrie variable en fonction des projets, Laurent Wauquiez exclut "tout nouvel élargissement" de l'Union européenne au-delà des 27 membres qui y resteront après le départ du Royaume-Uni, à la fin du mois, et se dit contre la création d'une Europe fédérale des "Etats-Unis d'Europe" prônée par Victor Hugo dès le XIXe siècle.
PILOTAGE EN DIRECT
Dans ce cadre, il propose que la Commission européenne "perde des compétences normatives" dans certains domaines, mais qu'elle pilote en revanche "directement" un certain nombre de grands projets en matière d'éducation, dans la recherche médicale ou les infrastructures, comme la ligne ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin qui suscite des désaccords au sein même du gouvernement italien.
Dans sa lettre aux "citoyens d'Europe" dévoilée lundi dernier, Emmanuel Macron propose une série de mesures en faveur d'une "renaissance européenne" comme la création d'une "banque européenne du climat" et d'une police des frontières commune.
La liste LR pour les élections européennes du 26 mai prochain arrive en troisième position des intentions de vote avec moins de 15%, derrière la liste La République en marche-Modem des partisans du président Macron et celle du Rassemblement national (RN, extrême droite) qui sont au coude-à-coude avec 22% des intentions de vote.
Laurent Wauquiez accorde toutefois un semi-bon point au président et au gouvernement français qui ont dit vouloir une refonte du droit de la concurrence après le refus de la Commission européenne à la création d'un géant européen du ferroviaire en mariant l'allemand Siemens (SIX:SIEGn) et le français Alstom (PA:ALSO), projet qui était destiné à contrer la concurrence du chinois CRRC.
"Notre droit de la concurrence est totalement inadapté", écrit Laurent Wauquiez dans sa tribune. "Cessons de privilégier l’intérêt potentiel du consommateur en ouvrant toujours plus notre marché intérieur, pour enfin privilégier nos emplois et les stratégies qui feront grandir nos champions."
"Quand le président se découvre partisan de la préférence européenne, je suis heureux de constater que celui qui a bradé Alstom à l'américain General Electric (NYSE:GE) corrige son approche et rejoint nos positions."
GE a racheté en 2014 une partie d'Alstom lors d'une opération controversée.
(Danielle Rouquié, édité par Jean-Philippe Lefief)