PARIS (Reuters) - Quatre associations environnementales ont porté plainte au pénal en France contre TotalEnergies, accusant notamment le géant pétrolier d'"homicide involontaire" avec un oléoduc en développement en Ouganda et d'autres projets d'énergie fossile.
Darwin Climax Coalitions, Sea Shepherd France, Wild Legal et Stop Total (EPA:TTEF) en Ouganda ont indiqué avoir déposé une plainte devant le tribunal judiciaire de Nanterre contre l'"action climaticide" de TotalEnergies.
Elles reprochent au groupe français d'avoir approuvé davantage de projets d'énergie fossile que n'importe quel autre géant du secteur pour la période 2022-2025, dont un oléoduc de 3,5 milliards de dollars en Ouganda - East African Crude Oil Pipeline (EACOP) - devant aider le pays d'Afrique de l'Est à exporter son pétrole vers les marchés internationaux.
"Au regard de l'urgence climatique et de l'enjeu planétaire qui en découle, il n'est plus possible que des entreprises mues par une vision de profit à court terme puissent encore impunément hypothéquer l'avenir de tous", a déclaré la directrice de Sea Sheperd France dans un communiqué.
"Reconnaître la responsabilité pénale de Total dans sa stratégie climaticide est un énorme pas en avant vers une nécessaire justice climatique, seule à même d'enrayer le phénomène", a ajouté Lamya Essemlali.
Les quatre associations accusent TotalEnergies d'"abstention de combattre un sinistre", d'"homicide involontaire", d'"atteintes involontaires à l'intégrité de la personne" et de "destruction ou dégradation d'un bien appartenant à autrui de nature à créer un danger pour les personnes".
Déposée le 22 septembre devant le tribunal judiciaire de Nanterre, la plainte pourrait entraîner l'ouverture d'une enquête formelle.
Une porte-parole de TotalEnergies a déclaré que le groupe n'était pas informé de la plainte. "La compagnie mène ses opérations en conformité avec ses standards d’opération et avec les lois et règlements", a-t-elle dit dans un courriel, ajoutant que TotalEnergies répondrait si nécessaire aux demandes des autorités.
Selon Human Rights Watch, le projet EACOP, dans lequel TotalEnergies détient une participation de 62%, a "dévasté" les vies de milliers de personnes qui ont été indemnisées avec retard, ou insuffisamment, pour leurs terres. L'ONG a aussi estimé que le projet était un désastre pour la planète car il allait rejeter des émissions amplifiant le dérèglement climatique.
TotalEnergies a rejeté les accusations de HRW, formulées en juillet, assurant respecter tous les droits des personnes affectées par le projet.
(Reportage Juliette Jabkhiro et Dominique Vidalon, rédigé par Jean Terzian, édité par Kate Entringer)