par Stefania Spezzati et Oliver Hirt
LONDRES/ZURICH (Reuters) - UBS poursuit son intégration de Credit Suisse, mais deux investisseurs clés craignent que la taille de la banque ne finisse par poser des problèmes aux régulateurs.
La société de conseil aux actionnaires Ethos, qui conseille des clients détenant au total entre 3% et 5% des actions d'UBS, s'inquiète de l'influence que la banque pourrait avoir sur la future réglementation bancaire.
Un autre investisseur estime qu'une potentielle focalisation des régulateurs et des législateurs suisses sur la taille de la banque pourrait entraver le bon fonctionnement du groupe.
Au printemps, le ministère suisse des Finances soumettra au parlement une analyse des banques systémique du pays après le rachat de Credit Suisse l'année dernière.
"Nous sommes toujours très inquiets de la taille d'UBS par rapport au marché suisse", explique Vincent Kaufmann, directeur général d'Ethos, à Reuters.
"Nous y voyons une distorsion potentielle de la concurrence dans plusieurs domaines et une concentration des risques dans certaines activités".
Face aux risques posés par UBS, la Suisse a besoin d'une "législation forte et de ressources beaucoup plus importantes pour le régulateur", ajoute Vincent Kaufmann. "Les régulateurs pourraient exiger d'UBS une base de capital plus solide, mais la banque s'y opposera probablement".
NIVEAUX DE RISQUES
UBS estime que l'accent mis sur la taille de son bilan est trompeur, car le groupe détient environ 20% de ses actifs totaux en actifs très liquides et 15% en prêts hypothécaires à faibles risques, a-t-elle déclaré dans un e-mail à Reuters.
Le bilan de la banque sera encore réduit au cours des trois prochaines années, tandis qu'un "plan de résolution est déjà en place et sera amélioré pour prendre en compte l'impact de la fusion", a ajouté UBS.
Les régulateurs ne sont toujours pas préparés à l'éventualité où UBS aurait besoin d'un soutien public, nuance un haut responsable politique.
Mais certains investisseurs sont attirés par la stratégie de croissance d'UBS. "Une fois l'intégration terminée, la nouvelle banque ne sera pas beaucoup plus grande que l'ancienne", a déclaré Andreas Thomae chez Deka Investment, qui détient 0,12% des actions de la banque d'après LSEG.
Le groupe est engagé dans un plan de restructuration et pourrait licencier des milliers de personnes.
"En rétrécissant, UBS s'adapte également aux exigences politiques domestiques", a déclaré Andrea Thomae.
(Reportage Stefania Spezzati à Londres et Oliver Hirt à Zurich ; avec John Revill et Noele Illien à Zurich, et Tom Sims à Francfort ; version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)