Trois choses auxquelles nous réfléchissons aujourd’hui
Le sentiment des marchés s’est assombri en mai avec l’apparition d’inquiétudes liées à l’escalade de la guerre commerciale opposant les États-Unis à la Chine à la suite de la décision du président américain Donald Trump d’imposer des droits de douane de 25 % sur 200 milliards de dollars d’importations chinoises, suivie de l’annonce par la Chine d’imposer en réponse de nouveaux droits de douane sur 60 milliards de marchandises américaines. La décision d’inclure Huawei dans la Liste américaine des entités n’a fait qu’aggraver la situation. L’augmentation des droits de douane impactera sans nul doute bon nombre de fabricants chinois, et certaines entreprises déplacent déjà leur production vers d’autres pays. La Chine est toutefois de moins en moins dépendante du commerce, car près d’un tiers de son produit intérieur brut (PIB) provient du commerce extérieur, contre pratiquement 65 % il y a plus d’une décennie.1 Au lieu de cela, les principaux moteurs sous-jacents de la croissance chinoise se sont déplacés vers l’innovation, la technologie et la consommation. Si les efforts de rééquilibrage de la Chine se traduisent par une économie plus durable, nous sommes quasiment certains qu’elle restera un moteur de croissance structurelle pour les marchés émergents dans les décennies à venir.
Le rééquilibrage semestriel de MSCI, qui s’est accompagné de l’intégration de l’Arabie Saoudite dans l’indice 2 et de la reclassification de l’Argentine de marché frontière à marché émergent, a eu lieu le 28 mai. MSCI a également relevé le facteur d’inclusion des actions A chinoises, de 5 % à 10 %, doublant leur pondération dans l’indice juste sous les 2 %. Un changement d’ordre méthodologique a également eu pour effet d’accroître la pondération de la Thaïlande dans l’indice MSCI Emerging Markets à environ 3 %. La décision de MSCI de reclassifier le statut de l’Arabie Saoudite en marché émergent place clairement ce pays dans le radar des investisseurs internationaux. Il s’agit là selon nous d’une étape positive vers la transition de toute la région du Moyen-Orient vers une situation des investissements représentative de celle des marchés émergents. Après son ajout à l’indice Emerging Markets, le Koweït est sur la liste de surveillance de MSCI, l’annonce de sa reclassification étant attendue pour bientôt. Le rééquilibrage est susceptible de provoquer des investissements de portefeuilles dans ces marchés dans le cadre de stratégies passives, au détriment des marchés qui ont vu leurs pondérations réduites, tels que la Corée du Sud et Taïwan. Les gérants de portefeuilles actifs ont toutefois plus de flexibilité et peuvent se concentrer sur les fondamentaux des entreprises sans être limités par les pondérations des indices de marché.
La Russie reste à nos yeux l’un des marchés les plus sous-évalués à l’échelle mondiale, malgré une très forte performance au cours des trois dernières années. Nombreux sont les investisseurs internationaux à avoir évité ce marché en raison des sanctions économiques prises à l’encontre de ce pays. Nous estimons toutefois que l’économie assez autonome de la Russie a limité l’impact des sanctions. Alors que l’économie faisait preuve de résilience, nous avons vu de nombreuses entreprises prendre des mesures pour s’adapter et prospérer dans l’environnement actuel. Dans certains cas, l’accès restreint aux technologies occidentales a incité les entreprises russes à investir dans la conception de leurs propres écosystèmes, ce qui contribue à une croissance plus durable. En outre, la gouvernance de nombreuses entreprises russes s’est sensiblement améliorée. Par exemple, beaucoup d’entreprises ont augmenté les versements de dividendes et entrepris des rachats d’actions afin d’améliorer la valeur actionnariale. De manière générale, nous estimons que la Russie continue d’offrir aux investisseurs des opportunités intéressantes, et l’exposition permettant de sélectionner des entreprises bien établies dans les secteurs des technologies de l’information, de la finance, de l’énergie, des matériaux et en lien avec les consommateurs pourrait s’avérer utile dans le cadre de mandats diversifiés axés sur les marchés émergents.
Perspectives
Les marchés émergents ont en général bien progressé au cours des dernières années, l’indice MSCI Emerging Markets ayant généré un rendement de 30 % sur cette période.
3 Nous estimons toutefois que la classe d’actifs conserve un potentiel important, notamment après les corrections de l’année dernière et du mois de mai.
Après avoir subi quelques pertes de revenus, nous nous attendons à assister à une meilleure performance des entreprises l’année prochaine. Nous pensons que 2020 pourrait être une bonne année pour les bénéfices des marchés émergents, notamment grâce aux redressements cycliques qui ont commencé à émerger.
Ces perspectives existent, bien sûr, malgré le récent conflit commercial. À court terme, la hausse des droits de douane pourrait avoir quelques répercussions. À plus long terme, cependant, nous pensons que les marchés et les entreprises s’adapteront et que, par conséquent, les bénéfices devraient également progresser.
Nous sommes d’avis que les marchés ont également commencé à prendre en compte ces questions et qu’un accord qui satisferait à la fois les États-Unis et la Chine reste possible. En attendant, nous pensons qu’il existe pour bien d’autres entreprises et pays une possibilité de tirer parti de ces tensions commerciales.
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