STRASBOURG (Reuters) - Les mises en examen prononcées contre Murielle Bolle et les époux Jacob dans le dossier Grégory Villemin, une affaire judiciaire vieille de 34 ans, ont été annulées mercredi par la chambre de l’instruction de la cour d'appel de Dijon, a-t-on appris auprès de l'avocat de Murielle Bolle.
Le procureur général près la cour d'appel de Dijon a pris acte dans un communiqué de cette décision, tout en précisant qu'elle portait sur des points de procédure et non sur des éléments touchant au fond du dossier.
"Après examen et analyse juridique détaillée de la motivation retenue par la chambre de l'instruction, [le procureur général] avisera sur les éventuelles suites procédurales à donner", lit-on dans ce communiqué.
Le grand-oncle et la grand-tante de Grégory, Marcel et Jacqueline Jacob, ainsi que Murielle Bolle, la belle-sœur du père de l’enfant, avaient été mis en examen en juin dernier pour enlèvement et séquestration de mineur suivis de mort.
"La chambre de l’instruction a annulé les mises en examen de Murielle Bolle et des époux Jacob, ainsi qu’un certain nombre d’actes qui avaient été déjà annulés par la cour d’appel de Nancy et frauduleusement réintroduits dans le dossier par le juge Simon", a dit à Reuters Me Jean-Paul Teissonnière.
Le juge Maurice Simon est celui qui avait repris le dossier en 1987 après son dépaysement devant la chambre de l’instruction de Dijon.
"C’est une décision considérable qui fait quelque peu basculer le dossier", a ajouté l’avocat pour qui la chambre de l’instruction lance "une sorte d’avertissement" à sa présidente, Claire Barbier, qui avait prononcé les trois mises en examen.
La magistrate pourrait toutefois, en théorie, mettre de nouveau en examen les trois personnes relaxées des poursuites.
La mort du petit Grégory Villemin, retrouvé noyé pieds et poings liés dans la Vologne, une rivière des Vosges le 16 octobre 1984, reste l’un des mystères judiciaires les plus retentissants des quarante dernières années.
Premier mis en examen dans cette affaire, Bernard Laroche, un cousin du père de l’enfant, Jean-Marie Villemin, avait été abattu d’un coup de fusil par ce dernier avant même d’être jugé. La mère de Grégory, Christine Villemin, devait être ensuite accusée du crime, puis innocentée.
(Gilbert Reilhac, avec Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)