PARIS (Reuters) - Des dizaines de milliers de personnes ont fait grève et manifesté jeudi "contre l'austérité" à Paris ainsi que dans les grandes villes françaises à l'appel de quatre organisations syndicales (CGT, FO, FSU et Solidaires).
Plus de 300.000 personnes ont manifesté en France, selon la CGT, dont 120.000 à Paris. La police a compté pour sa part 32.000 manifestants dans la capitale.
Les syndicats réformistes, dont la CFDT, pour lesquels "il n'y a pas de politique d'austérité", sont restés à l'écart.
"Le gouvernement devrait être attentif à ce qui se passe aujourd'hui. Ou il écoute, ou il n'écoute pas, c'est son problème. Mais qu'il ne vienne pas se plaindre après", a déclaré le dirigeant de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, à la presse.
Peu de perturbations ont eu lieu dans les transports en dehors du ciel, où l'appel à la mobilisation a coïncidé avec la grève lancée depuis la veille par le premier syndicat de contrôleurs aériens.
En revanche, les écoles ont été perturbées, plusieurs syndicats d'enseignants, dont le SNUipp-FSU et le Snes-FSU, ayant appelé à cesser le travail pour dénoncer notamment le blocage des salaires des fonctionnaires depuis 2010.
Un appel à la mobilisation a été lancé à France Télévisions, alors que Radio France est en grève depuis plus de trois semaines. A Paris, la Tour Eiffel devait rester fermée jusqu'à 18H00, les personnels d'exploitation du monument payant le plus visité au monde s'étant joints au mouvement.
Force ouvrière a mis en avant les grèves tandis que la CGT a misé sur la manifestation parisienne, à laquelle se sont jointes 18.000 personnes venues de province.
"LE GOUVERNEMENT NE BOUGE PAS"
Les leaders de FO et de la CGT, Jean-Claude Mailly et Philippe Martinez, qui appelle à une nouvelle mobilisation à l'occasion du 1er Mai, ont pris la tête du cortège parisien.
Cette manifestation était un enjeu pour le dirigeant de la CGT qui, élu en début d'année, testait la stratégie contestataire qu'il déploie depuis son arrivée.
La loi Macron sur la croissance et l'activité a été souvent la cible des manifestants, comme à Nantes où 3.000 personnes ont défilé derrière un banderole proclamant: "Dans le Macron, tout est bon pour les patrons".
Près de 45.000 personnes selon la CGT, 7.000 d'après la police, ont battu le pavé à Marseille.
"Comme le gouvernement ne bouge pas, c'est aux salariés de se mobiliser sinon on va tout perdre", a dit le secrétaire général CGT des Bouches-du-Rhône, Thierry Pettivino. "C'est un signal fort lancé au gouvernement, et qu'il doit entendre."
A Toulouse, entre 4.000 personnes selon la police, et 8.000 selon les manifestants ont défilé de la place Arnaud-Bernard jusqu'à celle du Capitole. Personnels de l'aviation civile, des hôpitaux, de Pôle emploi, des caisses d'allocations familiales, enseignants, et chercheurs ont défilé aux côtés de quelques salariés du secteur privé, moins représentés.
"Nous sommes là pour lutter contre le projet de loi Macron et pour tenter d'infléchir la politique de ce gouvernement qui se dit de gauche", a déclaré Pierre Tommasi, secrétaire CGT chez Thalès Alenia Space.
Plus de 4.000 personnes, selon la police, ont défilé dans les rues de Lyon. A Bordeaux, 4.700 personnes, selon la police, et 9.000 d'après les syndicats, ont marché entre les allées de Tourny et le palais de justice, où une militante CGT devait être jugée dans l'après-midi à la suite d'une plainte pour diffamation de l'entreprise "Fonderies du Bélier".
(Gérard Bon, avec les correspondants de province, édité par Yves Clarisse)