Le G20 doit conserver l'"esprit de cohésion et de dialogue" et résoudre par la "coordination internationale" les tensions régnant sur les taux de change, a déclaré jeudi le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer, réfutant l'expression "guerre des changes".
"La seule solution, c'est le dialogue: il faut rechercher ensemble les mesures concertées pour renouer avec une croissance mondiale plus équilibrée, en favorisant la demande interne de certains pays et en la freinant dans d'autres", affirme-t-il dans un entretien publié sur le site internet du quotidien français Les Echos.
"La réponse est bien dans la coordination internationale", ajoute-t-il.
Les ministres des Finances du G20 se retrouvent vendredi et samedi en Corée du Sud où ils vont s'efforcer de trouver une trêve à la "guerre des monnaies".
Les principaux pays riches et émergents s'accusent mutuellement de manipuler les cours de leur devise pour stimuler leur économie en faisant fi de la coopération internationale. Le ministre brésilien des Finances Guido Mantega a évoqué à ce sujet une "guerre des changes", expression qui a depuis fait florès.
"Je n'aime pas ce terme qui donne inutilement un sentiment d'inquiétude alors que depuis trois ans, les gouvernements des pays membres du G20 se sont employés à développer un esprit de cohésion et de dialogue qui a contribué à rétablir la confiance", explique le gouverneur de la Banque de France. "Nous devons conserver cet objectif."
Selon Christian Noyer, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), les frictions actuelles ne sont pas anormales, en raison des rythmes de croissance différents selon les pays.
"La flexibilité des changes qui est l'une des règles de fonctionnement de l'économie mondiale doit permettre d'absorber une partie de ces tensions", estime-t-il. Il a ajouté que d'autres mesures, comme "la taxation des transactions financières ou le maniement des réserves obligatoires comme le fait la Chine", peuvent aussi permettre d'éviter les "mouvements trop abrupts" de capitaux.
Christian Noyer juge enfin que le système monétaire et des taux de change est devenu "plus complexe et il faut donc réinventer un mode de fonctionnement par la conceration et la coopération".
Comme le propose la France, qui présidera le G20 en 2011, "il faut se pencher sur l'ensemble de l'architecture du système monétaire international dans laquelle les régimes des change sont l'une des composantes", "mais il faudra un peu de temps", prévient-il.
Par ailleurs, interrogé sur une "surévaluation de l'euro" par rapport au dollar redoutée par certains, le gouverneur évoque "une vision simplificatrice" assure que la Réserve fédérale américaine "n'est certainement pas engagée dans une politique de baisse du dollar".