Le conseil d'administration du cimentier Lafarge (PARIS:LAFP) a attribué une prime de 2,5 millions d'euros à son PDG, Bruno Lafont, pour son "rôle clef" dans la gestion de la fusion avec le concurrent suisse Holcim (SIX:HOLN), indique un document dont l'AFP a eu connaissance mercredi.
Le conseil d'administration "a pris en considération la performance exceptionnelle, l'engagement et les résultats du PDG dans des circonstances extraordinaires", lors d'une réunion le dimanche 10 mai, deux jours après l'assemblée générale d'Holcim qui a approuvé la fusion à 94%, indique une information publiée sur le site du cimentier français, sous la rubrique "rémunération des mandataires sociaux".
Les administrateurs ont salué le travail de M. Lafont, ainsi que "la conduite et le suivi des processus d'autorisations réglementaires et de cessions, le lancement du processus d'intégration (...), le suivi du dialogue social et le dépôt de l'offre publique d'échange auprès de l'Autorité des marchés financier (AMF)".
Cette "indemnité exceptionnelle" sera versée dans le courant du mois de mai au PDG de Lafarge, qui assumera les fonctions de coprésident du futur ensemble LafargeHolcim, indique la note.
"Il s'agit d'une récompense de tout le travail accompli pendant un an. Il a été l'architecte du projet et il a travaillé pour la défense de son groupe, avec un impact limité pour l'emploi en France", a expliqué à l'AFP une source proche du groupe.
La source a rappelé que la rémunération variable de M. Lafont en 2014 avait baissé. Son salaire s'est élevé l'an dernier à 975.000 euros et la part variable à 828.750 euros.
Le syndicat CFTC, qui a relevé mercredi cette information, s'est dit "scandalisé" par les "manoeuvres financières" ayant entouré la fusion. Dans un communiqué envoyé à l'AFP, le premier syndicat du groupe rappelle le PDG à ses "engagements" envers les "salariés sacrifiés par cette fusion".
La veille, le cimentier a officiellement annoncé aux représentants du personnel son intention de supprimer 380 postes nets dans les fonctions centrales du groupe dans le monde, dont 166 en France.
"Maintenant que Monsieur Bruno Lafont a touché sa prime exceptionnelle, il doit impérativement respecter les engagements qu'il a exprimés plusieurs fois devant le Comité européen du Groupe Lafarge", estime Philippe Springinsfeld, coordinateur CFTC.
Bruno Lafont a selon lui "plusieurs fois rappelé que +Lafarge ne laissera personne sur le bord du chemin+. Il doit donc tenir parole", demande le syndicaliste. La CFTC réclame des garanties écrites pour que chaque salarié dont le poste va être supprimé soit accompagné jusqu'à son reclassement, interne ou externe.
La fusion entre Lafarge et Holcim devrait être effective en juillet, après une offre publique d'échange (OPE) déposée au près de l'AMF par le cimentier suisse le 11 mai.