par Alex Lawler et Rania El Gamal
LONDRES/DUBAI (Reuters) - L'Opep ne devrait pas réaliser entièrement son objectif de réduction de la production pétrolière même si l'Arabie saoudite a dit avoir extrait moins que son quota, ont averti des délégués du cartel, estimant néanmoins que parvenir une réalisation de 80% serait une bonne chose, un objectif rempli à moitié au moins étant jugé lui acceptable.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prévoit de réduire sa production de 1,2 million de barils par jour (bpj) à 32,50 millions de bpj à partir du 1er janvier. La Russie et d'autres pays non membres de l'organisation comptent pour leur part réduire leurs extractions de quelque 560.000 bpj.
La réduction de la production vise à faire remonter des prix qui avaient chuté pratiquement de moitié depuis leurs pics de juin 2014, en raison d'un marché engorgé.
Les cours accusaient un recul d'environ 1% vendredi vers la mi-journée à 52,5 et 55,5 dollars le baril respectivement pour le brut léger américain et le Brent de la mer du Nord.
"Le respect (des engagements) ne sera pas à 100%, il ne l'est jamais", a dit une source de l'Opep, ajoutant qu'une réalisation à 50-60% de l'objectif serait suffisante au regard des précédents engagements.
Le premier exportateur du cartel, l'Arabie saoudite, et le Koweït, ont dit jeudi avoir réduit leur production davantage que prévu. Le Koweït, à la tête de la commission chargée de surveiller le respect des engagements qui se réunira le 22 janvier à Vienne, a dit qu'il s'agissait de "montrer l'exemple".
L'accord est respecté à plus de 60% pour le moment, sur la base des déclarations des pays producteurs, a dit jeudi le ministre koweïtien du Pétrole, Essam Al Marzouq.
"Nous devrions enregistrer une nouvelle fois une conformité de 60 à 70%", a dit à Reuters le consultant spécialisé Daniel Gerber de Petro-Logistics, faisant référence au précédent accord de réduction de 2009.
Historiquement, le taux moyen du respect des engagements de l'Opep est de 60% en moyenne, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
"Normalement pour l'Opep, la bonne conformité est proche de 80%", a dit un autre délégué de l'organisation. "Ce ne sera pas 100%."
PRÉOCCUPATIONS
D'après l'AIE, le respect des engagements a culminé jusqu'à environ 80% en 2009 et cela fut suffisant pour permettre un redressement des cours pétroliers avec un baril qui est passé de 46 dollars début 2009 à 69 dollars fin juin de la même année.
Trois mois après cette réduction convenue, l'Arabie saoudite et ses alliés du Golfe affichaient le plus haut niveau de conformité. Ryad avait procédé à une réduction plus importante qu'il n'aurait dû, selon les données de l'AIE, et l'histoire semble devoir se répéter en 2017 si les annonces de jeudi de l'Arabie saoudite sont confirmées.
A l'époque, l'Algérie avait respecté la quasi-totalité de son engagement et le Venezuela le sien à hauteur de 69%.
Si les analystes s'attendent cette fois-ci à un respect des engagements élevé de la part des pays du Golfe membres de l'Opep, des sources du secteur et du cartel se montrent plus mesurés.
"On craint que le Venezuela et l'Irak ne tiennent pas leurs engagements", a dit une source bien informée, ajoutant que la Russie semblait se conformer à l'accord.
L'Irak, initialement opposé au compromis de l'an passé, a annoncé cette semaine une baisse de sa production. Le Venezuela, en manque de liquidités et fervent artisan d'un accord mondial, a également annoncé son intention de s'y conformer.
La Russie a réduit sa production de 100.000 barils par jour au cours des tout premiers jours de janvier, ont dit à Reuters des sources du secteur.
Une éventuelle hausse de la production dans les pays exemptés tels que la Libye et le Nigeria pourrait saper les efforts de réductions entrepris ailleurs.
"Si les choses vont bien dans ces pays, il pourrait être très difficile pour l'Opep de maintenir un objectif de production de 32,50 millions de bpj", estime Gerber de Petro-Logistics.
(Claude Chendjou pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)