PARIS (Reuters) - Six mois après le début de la grève inédite dans les urgences hospitalières, la ministre de la Santé et des Solidarités Agnès Buzyn dévoile ce lundi un nouveau train de mesures, dont un "budget dédié" qui pourrait dépasser 600 millions d'euros sur trois ans selon les Echos.
Une rencontre est prévue à 15h au ministère à Paris avec les représentants des personnels et des dirigeants hospitaliers, les syndicats de médecins libéraux et le collectif Inter-Urgences, à l'origine du mouvement qui réclame plus de postes et plus de lits face à des services saturés.
"Il y aura un budget dédié pour régler la crise des urgences", a assuré Agnès Buzyn dimanche dans l'émission Questions politiques (France Inter-Franceinfo-LeMonde), promettant de "mettre de l'argent dans des solutions qui vont régler le problème sur le long terme".
"Je vais apporter des moyens, mais pas simplement pour financer des postes en plus dans les urgences, parce que ce serait reculer pour mieux sauter", a-t-elle ajouté.
Débuté le 18 mars à l'hôpital parisien Saint-Antoine après un nouvel acte de violence envers les soignants, le mouvement de grogne du personnel des urgences s'est étendu depuis à d'autres sites en région parisienne et dans d'autres grandes villes.
Selon le collectif Inter-Urgences, 249 sites seraient actuellement en grève (195 selon le ministère).
Dans ce contexte, et à la veille de l'assemblée générale du collectif prévue mardi à 12H, les annonces d'Agnès Buzyn - qui s'ajoutent à celles dévoilées en juin puis le 2 septembre- seront scrutées de près.
"Il faut des moyens conséquents en terme d'agents, en terme de lits, sinon ça ne fonctionnera pas", a estimé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, sur franceinfo. Quant au chiffre de 600 millions d'euros avancé par les Echos, "ça commence à faire une annonce conséquente. La question c'est où est-ce qu'ils vont être ciblés, au service de quoi, comment on va répondre à la souffrance des agents, comment on va faire en sorte que leurs conditions de travail soient enfin décentes".
Selon le Journal du dimanche et les Echos, le gouvernement devrait annoncer la suppression du système du paiement à l'acte, un coup d'arrêt à l'intérim et décider de réouvertures de lits "sous condition et région par région". Reste à savoir si ces annonces suffiront à éteindre la fronde des urgentistes.
"Il faudrait qu'Agnès Buzyn accepte nos revendications, qu'elle arrête de séparer la ville et l'hôpital pour régler le problème d'accès aux soins", a prévenu le président d'Inter-Urgences Hugo Huon, dans le JDD. "Qu’elle mette beaucoup d'argent sur la table, que Bercy ouvre les vannes. Si les décisions prises ne sont pas à la hauteur, on essaiera cet automne de fédérer tout l'hôpital, l'ensemble des structures de soin".
Pour la CGT, qui annonce déjà une manifestation mercredi à Paris, "la fuite des mesures qui seront annoncées (...) ne satisfont pas les professionnels" car elle ne seront visibles qu'à moyen terme.
Le syndicat insiste sur la nécessité de "desserrer l'étau financer qui étrangle les hôpitaux" en augmentant au moins de 5% les dépenses qui leurs sont destinées dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).
(Marine Pennetier, avec Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)