L’élection de Donald Trump à la présidentielle représente l’évènement principal de cette semaine. Cette nette victoire, partiellement anticipée, a fait baisser les taux souverains américains dans un mouvement de pentification et soutenu le dollar. Ceci est lié à la guerre commerciale annoncée par Trump mais surtout à la lutte contre l’immigration, susceptible de raréfier l’offre de main d’œuvre et de soutenir l’inflation salariale. La présidence républicaine a également soutenu les actions américaines (mais pas les étrangères) dans l’attente d’un programme budgétaire expansif en soutien à l’économie. Ce dernier effet est susceptible de s’estomper en cas d’absence de majorité au Congrès, dont le résultat final, plus serré, reste en attente contrairement au Sénat où une majorité républicaine est assurée. Un échec au Congrès n’est par contre pas susceptible d’enrayer les mesures commerciales ou migratoires. La volonté républicaine de soutenir la production de pétrole a en revanche soutenu une baisse des prix.
Ce succès a eu l’effet d’accélérer la rupture de la fragile coalition allemande, la menace supplémentaire sur les exportations liées à la présidence de Trump n’ayant pas permis de débloquer les négociations sur un budget légèrement plus expansif de 9 milliards d’euros souhaité par le SPD et les Verts et refusé par le FDP ; arcbouté sur la règle d’or du frein budgétaire malgré la situation économique difficile de l’Allemagne. Le déclenchement d’élections anticipées ne devrait pas pour autant permettre de débloquer cette règle étant donné que la rigoriste CDU devrait mener la prochaine coalition.
L’élection n’a pas eu d’effet sur la conduite de la Fed qui a baissé ses taux de 25bp. Dans l’attente du potentiel impact de la nouvelle politique dans le temps, la banque centrale a logiquement pris en compte le fait que le ralentissement du marché du travail a atteint un meilleur équilibre et une inflation demeurant globalement plus modérée. Les créations d’emplois US sont en effet sorties en nette baisse à 12k en octobre contre 100k attendus et 223k en septembre (également impactées par les ouragans et la grève chez Boeing (NYSE:BA)) sans oublier une révision à la baisse de 112k sur les deux mois précédents et un ISM manufacturier en baisse à 46,5. Le taux de chômage reste néanmoins stable avec des salaires en hausse de 4% et l’activité dans les services demeure par contre très résiliente avec un rebond de l’ISM à 56.
La Banque d’Angleterre a également décidé de baisser ses taux de 25bp mais devrait ralentir la cadence en 2025 du fait des dernières décisions budgétaires en soutien à l’économie dont l’impact inflationniste est estimé à 50bp sur 2025.
L’économie chinoise offre une note d’optimisme avec les indicateurs d’activité PMI Caixin de retour en zone d’expansion avec les services à 52 et le manufacturier à 50,3. L’annonce de mesures pour soutenir l’activité a été décevante et l’effet attendu ne devrait pas régler les problèmes structurels du pays.
Les perspectives européennes ressortent affaiblies dans ce contexte politique négatif pour ses exportations et avec une capacité interne à réagir amoindrie alors que des deux principaux pays de l’UE doivent affronter un paysage politique fractionné et une capacité de décision limitée. Les taux et les actions européennes sont de fait restés décorrélés du marché américain.
Dans ce contexte de hausse du dollar et de perspectives négatives sur les exportations mondiales, nous avons décidé de relever notre score sur les actions américaines, de maintenir notre vue positive sur les actions chinoises et de diminuer celle sur les actions émergentes tout en maintenant notre score global actions et taux à neutre. Nous préservons nos vues positives sur les marchés crédit Investment Grade et émergent.
ACTIONS EUROPÉENNES Le marché des actions européennes clôture la semaine sans direction claire. D’un côté, les messages macroéconomiques semblent bien orientés avec des chiffres de ventes au détail en zone euro en amélioration pour le mois de septembre, ainsi qu’une Banque d’Angleterre qui continue, sans trop de surprise, sa trajectoire accommodante en baissant pour la deuxième fois son taux directeur de 25bp à 4,75%. Cette baisse vient accompagner une mise en garde de la Banque d’Angleterre concernant l’inflation : l’institution remonte ses prévisions pour 2025 et 2026 craignant l’effet inflationniste que pourrait avoir la politique budgétaire.
D’un autre côté, les publications trimestrielles des sociétés européennes délivrent cette semaine des messages globalement prudents. Dans le tourisme, Air France (EPA:AIRF) a annoncé s’attendre à des coûts de maintenance et de personnel plus hauts qu’attendu à cause de contraintes sur la chaîne d’approvisionnement et des délais de livraison d’avions, constat partagé par Ryanair (LON:0RYA) qui annonce des perspectives plus basses que prévues pour 2025 à cause de ces mêmes délais, ainsi que des baisses de prix des billets. Le secteur automobile continue de délivrer des messages négatifs : BMW (ETR:BMWG) a annoncé sa plus faible rentabilité depuis plus de quatre ans, pénalisé par la faible demande chinoise, la concurrence locale et des rapatriements de véhicules suite à un système de freinage défectueux. Le constat de la demande chinoise est partagé par Ferrari (NYSE:RACE).
Les fermetures d’usines continuent également dans le secteur. C’est cette fois-ci Michelin (EPA:MICP) qui ferme deux usines en France dans un contexte de croissance atone et un paysage plus concurrentiel. Dans la consommation discrétionnaire, Hugo Boss (ETR:BOSSn) a publié une rentabilité sous les attentes pénalisée par la Chine. Le secteur bancaire publie également sous les attentes : Crédit Agricole déçoit sur ses profits dans l’assurance et le crédit à la consommation, à l’instar de BNP.
Après les bons résultats de SAP (NYSE:SAP) dans les logiciels, l’allemand Nemetschek suit avec une croissance de ses revenus récurrents organiques de plus de 25% dans un contexte de marché de la construction toujours tendu en Europe, démontrant la résilience de son modèle. Enfin, Novo Nordisk (CSE:NOVOb) a rassuré après les chiffres prudents de son concurrent américain Eli Lilly (NYSE:LLY) sur l’obésité, en publiant des ventes plus importantes que prévues dans ce même segment.
L’élection de Donald Trump a fait baisser les taux souverains américains dans un mouvement de pentification et soutenu le dollar
L’économie chinoise offre une note d’optimisme
Les perspectives européennes ressortent affaiblies dans ce contexte politique négatif pour ses exportations et avec une capacité interne à réagir amoindrie