par Xiaoyi Shao et Koh Gui Qing
PEKIN (Reuters) - Les investissements directs étrangers (IDE) en Chine sont tombés en août à leur plus bas niveau depuis au moins deux ans et demi, un nouvel exemple des difficultés auxquelles reste confrontée la deuxième économie mondiale.
La République populaire a attiré 7,2 milliards de dollars (5,6 milliards d'euros) d'IDE en août, a annoncé mardi le ministère du Commerce, un montant en repli de 14% sur un an et le plus faible enregistré depuis au moins février 2012.
Sur les huit premiers mois de l'année, les IDE sont revenus à 78,3 milliards de dollars, soit un recul de 1,8% par rapport à la période correspondante de l'an dernier.
"Cela reflète la pression à la baisse sur le secteur manufacturier", a commenté Zhou Hao, économiste d'ANZ. "Le secteur manufacturier ne va pas fort, donc il est logique que les entreprises réduisent leurs investissements."
Ces mauvaises nouvelles s'ajoutent à une série d'indicateurs récents, comme les importations ou la production industrielle, suggérant un ralentissement de la croissance chinoise ces derniers mois.
La Bourse de Shanghaï a perdu 1,8% mardi, son repli le plus marqué en pourcentage depuis le 10 mars, en raison notamment du chiffre décevant des IDE.
Les investissements directs étrangers sont un baromètre important de la santé de l'économie mais restent un contributeur relativement modeste à l'ensemble des flux de capitaux si on les compare aux exportations, qui ont représenté environ 2.000 milliards de dollars en 2013.
LE SECTEUR MANUFACTURIER PREMIER TOUCHÉ
Le ralentissement des IDE s'explique par la faiblesse de l'économie mondiale et par les fluctuations du yuan, a déclaré Shen Danyang, porte-parole du ministère du Commerce, sans pour autant exclure que les investissements inscrivent un nouveau record sur l'ensemble de cette année, à 120 milliards de dollars contre 118 milliards l'an dernier.
La baisse des IDE ces derniers mois touche principalement le secteur manufacturier, dans lequel ils ont chuté de 15,7% sur huit mois, à 27,5 milliards de dollars, alors qu'ils augmentaient de 8,9% dans les services, à 43,3 milliards.
Parmi les principaux pays investisseurs en Chine, la Corée du Sud a augmenté ses investissements de 31,3% sur un an, la Grande-Bretagne de 18,9%. A l'opposé, les IDE en provenance du Japon ont chuté de 43,3%, ceux originaires des Etats-Unis et de l'Union européenne de 17% à 18%.
Grâce entre autres à la santé retrouvée de l'économie américaine, les exportations chinoises se sont améliorées ces derniers mois, affichant en août une hausse de 9,4% sur un an alors que les importations reculaient pour le deuxième mois consécutif.
Ces chiffres ont alimenté les craintes de voir la demande intérieure, affaiblie notamment par le ralentissement de l'immobilier, peser sur la croissance globale.
Lundi, l'OCDE a dit tabler sur une croissance de 7,4% cette année en Chine. Les autorités chinoises, elles, n'ont pas officiellement remis en cause leur objectif initial de 7,5% de hausse du produit intérieur brut (PIB) en 2014 mais elles expliquent régulièrement que des fluctuations de la croissance sont inévitables.
(Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)