par Laetitia Volga
PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en hausse vendredi à l'ouverture tandis que les Bourses européennes reculent à mi-séance, plombées par les divergences au sein de l'Union européenne sur les modalités du plan de relance et par les doutes sur l'efficacité d'un potentiel traitement du coronavirus. Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en hausse de 0,6% à 0,8%. À Paris, le CAC 40 perd 0,48% à 4.429,58 vers 11h10 GMT. À Francfort, le Dax cède 0,39% et à Londres, le FTSE lâche 0,71%.
L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 abandonne 0,47%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro recule de 0,43% et le Stoxx 600 de 0,19%.
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne se sont entendus jeudi pour constituer un fonds d'urgence de l'ordre de 1.000 milliards d'euros face aux conséquences économiques du coronavirus mais les investisseurs retiennent surtout l'absence de consensus sur les modalités de financement d'un plan de relance dont les discussions sont repoussées à l'été.
"Force est de constater qu'au niveau de l'ampleur des chiffres mais aussi de la vitesse de réaction, l'Europe est très en retard [par rapport aux Etats-Unis, où le Congrès a adopté un nouveau plan de soutien], a déclaré à Reuters Christopher Dembik, responsable de l'analyse macroéconomique chez Saxo Bank.
"Il faudra en outre surveiller dans le plan européen, lorsqu'il sera dévoilé, non seulement quel en sera le mécanisme de fonctionnement mais également quel sera réellement le montant mis sur la table puisque l'Union européenne a la mauvaise habitude, très souvent, de rediriger des dépenses qui étaient déjà prévues", a-t-il ajouté.
Les marchés sont également déçus par les dernières nouvelles concernant le traitement du COVID-19 développé par Gilead (NASDAQ:GILD) Sciences. Selon le Financial Times, un essai clinique chinois sur l'antiviral remdesivir n'a pas été concluant, ce que conteste le laboratoire américain.
"La sensibilité des marchés sur ce sujet reflète le désespoir des investisseurs à la recherche d'élément suggerant un retour à la normale de l'économie mondiale", a déclaré Tim Ghriskey chez Inverness Counsel.
Au lendemain d'indices PMI à des plus bas records, l'unique indicateur européen de la journée montre que le climat des affaires en Allemagne s'est également effondré en avril pour tomber à son plus bas niveau historique, d'après le baromètre Ifo.
LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET
Le titre Intel (NASDAQ:INTC) perd 4,7% dans les échanges avant l'ouverture de Wall Street, le premier fabricant mondial de puces ayant dévoilé une prévision de chiffre d'affaires trimestriel inférieures aux attentes et indiqué qu'il ne mettrait pas à jour ses prévisions pour 2020 du fait de "l'importante incertitude économique" liée à la crise sanitaire.
VALEURS EN EUROPE
La majorité des grands secteurs de la cote européenne évoluent dans le rouge et parmi les baisses les plus marquées, celui des transports aériens cède 2,17% et celui des banques 1,11%.
Le compartiment bancaire est pénalisé par une série de dégradations de note et de perspectives de S&P: à Paris, BNP Paribas (PA:BNPP), dont l'agence a ramené la perspective de "stable" à "négative", cède ainsi 1,81%, et à Francfort, Commerzbank (DE:CBKG) abandonne 2,18% après la dégradation de sa note à BBB+. Société générale (PA:SOGN) perd 1,9%, Deutsche Bank (DE:DBKGn) 3,93%.
La compagnie allemande Lufthansa (DE:LHAG) perd 7,23% après avoir publié une perte d'exploitation trimestrielle de 1,2 milliard d'euros et prévenu que celle du deuxième trimestre serait bien plus lourde. Société générale a revu sa recommandation sur le titre à "vendre" contre "acheter".
Le géant de l'agroalimentaire Nestlé (SIX:NESN) prend 2,92% après avoir publié sa plus forte croissance de chiffre d'affaires trimestriel en près de cinq ans. Le secteur de l'alimentation et des boissons (+0,8%) signe la plus forte progression en Europe.
TAUX
Les rendements obligataires varient peu sur le marché américain où le dix ans est stable à 0,6039%.
Mais en Europe, l'aversion au risque profite aux obligations d'Etat dont les rendements reculent: celui du dix ans allemand perd quatre points de base à -0,468%.
CHANGES
Le dollar est stable face à un panier de devises internationale et devrait connaître sa plus forte hausse hebdomadaire en quatre semaines, ayant grandement profité de son statut de valeur refuge.
L'euro remonte timidement (+0,08%) après être tombé à un creux d'un mois en séance, à 1,0725 dollar, affecté par l'absence d'accord des dirigeants européens pour relancer l'économie après la crise du coronavirus.
PÉTROLE
Les cours du brut sont en hausse grâce entre autres à la mise en oeuvre progressive des réductions de production décidées par d'importants pays exportateurs, comme le Koweït.
Le Brent gagne 1,88% à 21,73 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) avance de 2% à 16,83 dollars.
(Laetitia Volga avec Patrick Vignal, édité par Blandine Hénault)