par Massimiliano Di Giorgio et Agnieszka Flak
ROME/MILAN (Reuters) - La Poste italienne est prête à investir encore dans la compagnie aérienne Alitalia mais à condition de ne pas reprendre à son compte les dettes passées de l'entreprise en grande difficulté, ont dit lundi trois sources proches du dossier.
Cette position de Poste Italiane pourrait remettre en cause le projet de rachat de 49% dans Alitalia par Etihad Airways, opération présentée comme étant celle de la dernière chance pour le transporteur.
Fin juin, Etihad, compagnie aérienne publique basée à Abou Dhabi, avait annoncé avoir accepté les principales modalités et conditions du rachat d'une participation de 49% dans Alitalia.
Et, vendredi, Poste Italiane, deuxième actionnaire d'Alitalia à hauteur de près de 20%, avait dit avoir décidé de participer au projet d'Etihad.
"(La position de Poste Italiane sur les dettes passées) représente un obstacle important à un accord (définitif) (...)", a dit une des sources citées, ajoutant que des réunions étaient prévues dans les jours à venir pour tenter de sortir de l'impasse.
Le directeur général d'Etihad a déclaré la semaine dernière que l'accord pourrait être bouclé ce mois-ci mais a averti que des réductions d'effectifs seraient nécessaires pour rentabiliser Alitalia.
Un rapprochement avec Etihad est vu comme la dernière chance de survie d'Alitalia, qui n'a été bénéficiaire qu'à quelques reprises tout au long de ses 68 années d'existence, ayant été renflouée à plusieurs reprises par l'Etat avant d'être privatisée en 2008.
L'an dernier, le gouvernement avait dû orchestrer un renflouement d'Alitalia à hauteur de 500 millions d'euros mais la compagnie est aujourd'hui menacée de se trouver à court de liquidités dès le mois d'août si elle ne trouve pas de nouveaux investisseurs.
INVESTIR DIRECTEMENT DANS LA NOUVELLE SOCIÉTÉ
Dans le cadre de ce renflouement, Poste Italiane avait investi 75 milllions dans la compagnie.
Le projet défini par Etihad prévoit que tous les actionnaires d'Alitalia participent, au prorata de leurs avoirs dans l'entreprise, à une augmentation de capital de 200 millions d'euros, somme qui doit couvrir toutes les pertes que pourrait subir la compagnie d'ici un accord définitif ainsi que toute dette passée.
Cela suppose donc que Poste Italiana investisse 40 millions d'euros. Des sources ont dit que l'entreprise voulait uniquement mettre de l'argent dans la nouvelle entité qu'Etihad prévoit de créer, pas dans la holding qui va reprendre les dettes d'Alitalia.
"Nous ne nous retirons pas, mais nous voulons participer sur la base de nos propres conditions", a dit une deuxième source.
L'investissement de 75 millions d'euros de Poste Italiane dans Alitalia fait l'objet d'une enquête de la Commission européenne, qui se demande si l'entreprise a bien respecté les règles en matière d'aides publiques.
Selon le projet d'Etihad, Alitalia sera transformée en une société holding qui reprendra à son compte l'essentiel des dettes de la compagnie.
Son activité opérationnelle - dont la flotte et les créneaux d'atterrissage et de décollage - sera versée dans une nouvelle entreprise qui sera contrôlée par la société holding.
Par le passé, des sources ont déjà dit qu'Etihad investira dans cette nouvelle entité via une augmentation de capital séparée.
Une des sources déjà citées a dit que Poste Italiane voulait bien investir 40 millions d'euros directement dans cette nouvelle entité, en échange d'une participation de quelque 5%.
"Poste Italiane est déjà dans le viseur de Bruxelles pour son entrée dans Alitalia (...) Si nous participons maintenant à une augmentation de capital, nous courrons le risque d'être accusés d'avoir fourni une aide d'Etat", a-t-elle ajouté.
Les conditions posées par Poste Italiane sont susceptibles d'agacer les autres actionnaires actuels d'Alitalia, dont les banques Intesa Sanpaolo et UniCredit, qui assument la charge de restructurer d'importants pans de la dette de la compagnie aérienne.
Personne n'était disponible pour commenter l'information.
Poste Italiane réunit son conseil d'administration mardi. Les actionnaires d'Alitalia doivent se prononcer vendredi sur le projet d'augmentation de capital de 200 millions d'euros.
(Benoit Van Overstraeten pour le service français)