PARIS (Reuters) - François Hollande s'est placé mercredi dans les pas de François Mitterrand, son célèbre prédécesseur socialiste à la "volonté inépuisable" qui fut, comme lui, "attaqué" de toutes parts mais obsédé par l'idée de "faire avancer le pays" en rassemblant.
À l'occasion du centième anniversaire de la naissance du premier président socialiste de la Ve République (1981-1995), l'actuel chef de l'Etat a lancé une série de messages limpides à l'adresse de ses détracteurs, y compris à gauche.
Devant un auditoire acquis à sa cause réuni au musée du Louvre, l'impopulaire chef de l'Etat a rappelé combien François Mitterrand avait pu "subir de critiques, de contestation, d'outrages, d'outrances (...) parce qu'il savait les enjeux de pouvoir, ses combats, ses luttes, y compris dans sa propre famille politique".
"Il était attaqué parce qu'il était la gauche, qu'il avait cette prétention de gouverner et en plus, de présider la France".
Des propos à rapprocher de la crise politique née de la récente publication d'un livre de confidences de François Hollande, que certains jugent désormais dans l'incapacité de briguer un second mandat.
Très fâché depuis la lecture de cet ouvrage de deux journalistes intitulé "Un président ne devrait pas dire ça..." qui le met en cause, le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a ostensiblement quitté l'auditorium du musée du Louvre avant l'arrivée de François Hollande.
"SURGIR DANS L'INSTANT CHOISI"
A son entrée sur scène, le chef de l'Etat a été applaudi debout par le public, où des "bravos" ont retenti.
"Je n'ai encore rien dit", a-t-il déclaré dans un sourire avant d'entamer un discours fourmillant d'allusions sur la difficulté de gouverner.
"Ce qui va compter, c'est ce qui va rester", a-t-il dit. "Rien n'est acquis, tout peut se défaire".
François Mitterrand "fut attaqué par la droite parce qu’il était de gauche, par une partie de la gauche parce qu’il ne l’était pas assez, par le centre parce qu’il n’en était pas", a-t-il aussi énuméré.
"A la gauche, à toute la gauche, il laisse un testament décisif : se rassembler pour gouverner et gouverner pour réformer et changer le pays. Parce qu’à la fin des fins, notre responsabilité, c’est de faire avancer le pays, de lui donner son horizon, de lui montrer que le progrès est encore possible."
Invitant son auditoire à lire entre ses lignes, François Hollande a aussi salué la capacité de son prédécesseur décédé en 1996 à choisir le bon moment pour sortir de l'ornière.
"La marque de François Mitterrand, s'il fallait en retenir une seule, c'est la volonté, une volonté farouche, inébranlable, inépuisable", a-t-il fait valoir.
"Quand il disait, selon une formule célèbre, qu'il fallait 'donner du temps au temps', il ne justifiait pas l'immobilisme, il respectait les rythmes, évaluait les contraintes, scrutait les espaces pour mieux surgir dans l'instant qu'il avait lui-même choisi", a-t-il déclaré.
"Et s'il semblait parfois à contretemps c'est qu'il avait pris de l'avance, c'est ce qui lui a permis notamment de construire l'Europe", a-t-il ajouté.
Depuis plusieurs jours, des voix s'élèvent, y compris au PS, pour exprimer des doutes sur la capacité de François Hollande à briguer un second mandat, ce qu'il devrait annoncer début décembre.
L'entourage du chef de l'Etat a de nouveau assuré mercredi que la volonté de ce dernier était intacte.
"Il va s'expliquer", a assuré un proche. "Il aime la combativité".
(Elizabeth Pineau)