Le milliardaire et financier américain George Soros est entré au capital de Ferrari (N:RACE), une information qui a fait bondir le titre du constructeur italien de voitures de sport en berne depuis son introduction en Bourse en octobre.
Le "raider" a acquis au quatrième trimestre 850.000 titres Ferrari, valorisés à 40,8 millions de dollars fin décembre, selon un document adressé au gendarme de la Bourse américain, la SEC, et rendu public mercredi.
Cette participation en fait un des dix principaux actionnaires du constructeur italien, avec 0,45% de son capital.
Cette information a provoqué une envolée du titre à la Bourse de Milan, où Ferrari a clôturé en hausse de 10,38%, à 34,45 euros, dans un marché en hausse de 2,48%. A New York, il a gagné 9,68% à 39,10 dollars.
D'après les chiffres communiqués début février par le groupe italien, Ferrari est détenu à hauteur de 24% par Exor, la holding de la famille Agnelli (propriétaire historique de Fiat), à 10% par Piero Ferrari, le fils du fondateur du constructeur, et à 66% par le marché. Exor et Piero Ferrari détiennent toutefois quelque 50% des droits de vote et ont signé entre eux un pacte de stabilité.
Le fonds américain T. Rowe price Group est le troisième actionnaire, avec une participation de 4%. Le président de Ferrari, Sergio Marchionne, est aussi un investisseur important, avec 0,77% du capital.
La présence de George Soros, un des investisseurs les plus respectés par la communauté financière, au capital du groupe italien est une bonne nouvelle et une marque de confiance pour Ferrari, dont le titre s'effondre depuis son entrée à la Bourse de New York le 21 octobre, puis celle de Milan le 4 janvier.
Cette introduction a scellé l'indépendance de Ferrari du groupe Fiat Chrysler (FCA), après 47 années d'histoire en commun.
FCA, qui détenait jusqu'alors 90% du capital de Ferrari, a expliqué que l'objectif était de donner à la marque au cheval cabré les moyens de "poursuivre son développement" avec "une plus grande indépendance financière et opérationnelle".
Mais depuis ses débuts en Bourse, le titre n'a cessé de chuter: à New York, il a perdu plus de 40% de sa valeur depuis le 21 octobre et à Milan près de 20% depuis début janvier.
- Prévisions trop prudentes -
Même les bons résultats de 2015 -bénéfice net de 290 millions d'euros en progression de 25 millions, ventes en hausse de 6% à 7.664 unités et chiffre d'affaires en augmentation de 3%, à 2,8 milliards d'euros- n'y ont rien changé, à la grande désolation de M. Marchionne, qui soulignait qu'il s'agissait pourtant des "meilleurs jamais réalisés" par le groupe.
Au cœur des inquiétudes des analystes et investisseurs: une dette de 1,95 milliard d'euros et des prévisions pour 2016 (7.900 voitures vendues, chiffre d'affaires de 2,9 milliards d'euros et Ebitda ajusté de 770 millions) considérées comme trop prudentes.
Pour Market Realist, la déception est notamment liée "au manque de stratégie" de Ferrari en Chine, où les ventes -qui ne représentent que 5% de ses ventes totales- ont chuté de 22% en 2015, alors que c'est "le plus grand marché automobile au monde et avec le grand potentiel".
Le constructeur, qui compte 2.850 employés, doit faire face à la concurrence de Bugatti, Porsche et Lamborghini, en particulier dans ce pays.
Les analystes sont en fait assez partagés sur le titre. Mediobanca Securities a ainsi placé Ferrari parmi les titres à privilégier dans le secteur automobile, contribuant mercredi à sa hausse sur le marché milanais. Il lui donne un objectif de prix à 50 euros.
Ferrari, qui limite volontairement sa production de voitures, vendues au minimum 200.000 dollars l'unité, prévoit de l'augmenter à "8.000-9.000 véhicules" d'ici à 2019, tout en respectant le principe du fondateur Enzo Ferrari "de vendre toujours une voiture de moins que ce que le marché demande", a récemment expliqué M. Marchionne.
Le groupe réfléchit également à la manière de se diversifier en vendant davantage de produits dérivés.
Selon le magazine Forbes, George Soros était de son côté en 2015 à la tête de la 29e fortune mondiale, avec 24,5 milliards de dollars. Il a multiplié les investissements, des nouvelles technologies à l'immobilier, en passant par le football ou les matières premières.