PARIS (Reuters) - Iliad a annoncé lundi l'abandon de son projet d'acquisition de l'américain T-Mobile US après le rejet d'une nouvelle offre par Deutsche Telekom, la maison mère de sa cible.
Fin juillet, Iliad avait soumis au conseil d'administration de T-Mobile US, quatrième opérateur mobile des Etats-Unis, une offre indicative d'achat de 56,6% du quatrième opérateur mobile des Etats-Unis pour 33 dollars par action.
Ce prix avait été jugé trop bas par Deutsche Telekom, qui possède 66% du capital de T-Mobile US, et la maison mère de Free s'était efforcée cet été d'améliorer son offre.
"Iliad a mis en place un consortium avec deux fonds de private equity de premier plan et de grandes banques internationales permettant d'améliorer significativement les termes de son offre en accroissant le montant en numéraire et en augmentant la part du capital de T-Mobile US acquise de 56,6% à 67%", a expliqué le groupe français lundi.
"Cette nouvelle offre, à environ 36 dollars par action (numéraire + quote-part de la création de valeur), se serait inscrite dans le cadre de la politique financière du groupe Iliad en termes d'endettement et de dilution."
Le mois dernier, des sources proches du dossier avaient déclaré à Reuters que KKR faisait partie des fonds avec lesquels discutait Iliad pour lever entre cinq et 6,5 milliards de dollars afin d'améliorer son offre.
Le groupe dirigé par Xavier Niel a précisé lundi qu'il avait "l'ambition d'accélérer la transformation de T-Mobile US avec notamment la réalisation de plus de deux milliards de dollars d'économies de coûts annuelles. Cette transaction aurait été fortement créatrice de valeur pour les actionnaires d'Iliad et de T-Mobile US".
Début septembre, le directeur financier d'Iliad, Thomas Reynaud, avait expliqué que la société ne souhaitait pas porter sa dette au-delà d'un ratio représentant 4,5 fois son résultat d'exploitation (Ebitda) et qu'il excluait une augmentation de capital de plus de deux milliards d'euros.
Lundi, Iliad a assuré qu'il poursuivrait la politique de "croissance rentable" qu'il mène depuis 15 ans.
DEUTSCHE TELEKOM GARDERAIT SES PARTS POUR L'INSTANT
T-Mobile US s'est refusé à commenter l'information tandis que chez Deutsche Telekom, personne n'était joignable dans l'immédiat.
Une source au fait de la stratégie de Deutsche Telekom a déclaré lundi que le groupe allemand préférait conserver encore sa filiale américaine car il n'était pas convaincu qu'Iliad, nouveau venu sur le marché américain et dépourvu de réseau local, pourrait faire mieux que la direction actuelle de T-Mobile US.
En outre, Deutsche Telekom pense qu'il est préférable d'attendre pour juger si des transactions avec Sprint où avec le groupe de télévision par satellite Dish pourraient finalement être possibles si une nouvelle administration américaine se montrait plus favorable à une consolidation du secteur, a ajouté la source.
Une autre source proche de la direction de Deutsche Telekom a déclaré que la nouvelle offre d'Iliad ne représentait pas une amélioration importante. "Cela n'aurait pas eu de sens que Deutsche Telekom conserve une part importante du capital exposée à une société à propos de laquelle il a des doutes sérieux", a dit cette source.
Le groupe allemand, qui réalise environ un tiers de son chiffre d'affaires et un cinquième de ses bénéfices aux États-Unis, a essayé de vendre T-Mobile à deux reprises depuis la fin 2011, jugeant que l'entreprise était trop faible pour rivaliser avec les leaders du marché que sont Verizon Communications et AT&T.
Il a négocié pendant prés d'une année avec Sprint, le troisième opérateur mobile américain en vue d'une vente de T-Mobile mais en août, Sprint a renoncé à son offre, estimant qu'il serait trop difficile d'obtenir l'aval des autorités de régulations.
A la Bourse de New York, l'action T-Mobile US perdait 2,23% à 26,9950 dollars à moins d'une heure de la clôture.
De son côté, Iliad a vu sa valeur boursière fondre de près d'un quart depuis l'annonce de son offre initiale en juillet.
(Noëlle Mennella avec Harro Ten Wolde à Frankfort, Leila Abboud à Paris et Marina Lopes à Washington édité par Marc Angrand)