FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé mardi avoir relevé les exigences en matière de fonds propres de 20 banques du bloc monétaire après avoir constaté qu'elles n'avaient pas mis de côté suffisamment de liquidités pour couvrir les prêts non honorés, un sujet d'inquiétude majeur pour les autorités de surveillance dans un contexte de coûts d'emprunt élevés.
Cette mesure s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par la BCE, qui devraient se poursuivre l'année prochaine, pour s'assurer que les banques disposent de provisions suffisantes pour faire face à une éventuelle hausse des défauts à la suite du relèvement massif de ses taux d'intérêt, qui a provoqué un ralentissement de la croissance économique.
Lors de la présentation de son évaluation annuelle du secteur bancaire de la zone euro, la BCE a indiqué qu'elle avait imposé des "suppléments" de capital à 20 grandes banques en raison de leur exposition non performante (NPE), un jargon financier faisant référence aux prêts non recouvrables.
"Dans ces cas, un déficit a été identifié par rapport aux attentes de la BCE en matière de couverture, car la couverture des risques liés aux anciens prêts non performants a été jugée inadéquate", écrit la BCE, sans citer nommément les banques concernées.
La BCE dit vouloir pour l'an prochain continuer à se concentrer sur les risques de crédit et de liquidité, ainsi que sur le respect par les banques de ses exigences liées au climat.
"La hausse des taux d'intérêt devrait accroître la volatilité de certaines sources de financement et les coûts de financement des banques à moyen terme, juste au moment où des montants substantiels de financement de la banque centrale doivent être remplacés", note la banque centrale.
Selon la BCE, des signes précurseurs de détérioration de la qualité des actifs commencent à poindre en raison de la faiblesse de l'environnement économique, ce qui pourrait accroître le stock de prêts douteux.
Les banques seront invitées à remédier à leurs "faiblesses" dans la gestion des risques liés au climat, a ajouté la BCE, qui leur accorde un délai jusqu'à la fin de l'année prochaine.
"Pour soutenir cet objectif, la supervision bancaire de la BCE est prête à utiliser les outils à sa disposition (y compris, si nécessaire, des augmentations de capital, des sanctions et des examens d'évaluations)", écrit la banque centrale.
(Reportage Francesco Canepa, version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)