par Patrick Vignal
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé mercredi en nette baisse dans la crainte d'une intensification imminente du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine.
Le repli des indices s'est accentué en fin de séance, l'euro et surtout la livre sterling augmentant leurs gains après des informations faisant état d'une avancée dans les discussions entre Londres et Berlin en vue d'un accord sur le Brexit.
Le CAC 40 à Paris a perdu 1,54% à 5.260,22 points, le Footsie britannique 1% et le Dax allemand 1,39%.
L'indice EuroStoxx 50 a cédé 1,3%, le FTSEurofirst 300 1,11% et le Stoxx 600 1,09%.
La tension est vive sur le front du commerce puisque la période de consultations publiques sur le projet américain de taxer pour 200 milliards de dollars (171 milliards d'euros) de produits chinois importés aux Etats-Unis prend fin jeudi. Donald Trump pourrait alors décider de l'entrée en vigueur de ces nouveaux droits de douane, au risque de représailles chinoises.
"Jusqu'au mois dernier, les gens se concentraient sur les profits des entreprises américaines mais maintenant, ils regardent la situation sur les marchés émergents, la guerre commerciale et le fait que les Etats-Unis devraient lancer un nouvelle vague de tarifs douaniers contre la Chine", commente Christophe Barraud, économiste pour le courtier Market Securities.
"Si vous regardez la croissance globale, il y a de plus en plus de signes indiquant un ralentissement dans les prochains mois", ajoute-t-il.
LES TECHS SOUFFRENT EN EUROPE COMME À WALL STREET
En Bourse en Europe, pratiquement tous les secteurs ont fini dans le rouge avec un recul particulièrement net pour les valeurs technologiques, dont l'indice Stoxx a cédé 3,04% avec, à Paris, un repli de 4,49% pour STMicroelectronics (PA:STM), la plus forte baisse du CAC.
Les banques (+0,37%) ont fait de la résistance grâce aux établissements italiens, dont l'indice sectoriel a pris 2,52%.
La plus forte progression du Stoxx 600 est pour une banque italienne, Banco BPM, qui a pris 7,17%. A Paris, Crédit agricole (PA:CAGR) (+1,61%), Société générale (PA:SOGN) (+1,22%) et BNP Paribas (PA:BNPP) (+0,45%) figurent parmi les rares hausses du CAC 40.
Deux valeurs françaises ont brillé contre la tendance : JCDecaux (PA:JCDX) (+5,56%) a profité d'un relèvement à "achat" du conseil de Bank of America-Merrill Lynch et BioMérieux (+4,71%) du relèvement de ses objectifs financiers pour 2018.
A Wall Street, le Dow Jones et le S&P-500 sont quasiment inchangés mais le Nasdaq recule nettement (-1,17%), pénalisé lui aussi par les valeurs technologiques, dont l'indice sectoriel abandonne 1,50%.
Facebook (NASDAQ:FB) (-1,67%) et Twitter (NYSE:TWTR) (-4,94%), dont les dirigeants défendent mercredi devant les deux chambres du Congrès américain leurs initiatives pour limiter les risques de nouvelles ingérences électorales, pèsent sur la tendance.
LE DOLLAR PERD UN PEU DE TERRAIN
Sur le marché des changes, la livre sterling a augmenté ses gains pour prendre 0,9% face au dollar et 0,5% face à l'euro sur des informations de Bloomberg évoquant des progrès dans les négociations entre Londres et Berlin sur le Brexit.
Selon Bloomberg, qui cite des sources proches des négociations, l'Allemagne serait prête à accepter un accord moins détaillé en ce qui concerne les liens économiques et commerciaux futurs entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.
Pour Neil Wilson, analyste de Markets.com, ces informations doivent être traitées avec précaution.
"Premièrement, l'Allemagne ne parle pas pour l'UE, en dépit de sa domination économique du bloc", dit-il. "Deuxièmement, nous avons déjà entendu ce genre de rumeurs qui font grimper la livre et elles doivent être accueillies avec prudence."
Le billet vert perd pour sa part un peu de terrain face à un panier de devises de référence mais reste proche d'un plus haut de deux semaines touché la veille.
LES TAUX ITALIENS SE DÉTENDENT
La vigueur de la devise américaine accroît encore la pression sur les marchés émergents, déjà confrontés aux difficultés de certains pays comme l'Argentine, la Turquie ou l'Afrique du Sud.
Le rand sud-africain est tombé mercredi à un plus bas de plus de deux ans, la Bourse indonésienne a connu sa pire séance en près de cinq ans et l'indice MSCI des marchés émergents (-1,7%) recule pour une sixième séance consécutive.
Sur le marché obligataire, les rendements des emprunts d'Etat italiens ont amplifié leur recul après les déclarations jugées rassurantes des membres du gouvernement sur le respect des règles budgétaires de l'Union européenne. Le taux des BTP à dix ans est revenu sous la barre des 3% pour la première fois depuis le 22 août.
Sur le marché pétrolier, les cours du brut repartent à la baisse alors que les craintes sur l'offre liées au passage de la tempête tropicale Gordon sur le golfe du Mexique s'apaisent. Le Brent revient vers 77 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) repasse sous 69 dollars, plus de deux dollars en dessous de son plus haut de mardi.
(Édité par Bertrand Boucey)