par Laetitia Volga
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en nette baisse jeudi et Wall Street devrait faire de même, le regain d'inquiétudes quant aux répercussions de l'épidémie de coronavirus sur l'économie mondiale ramenant les investisseurs vers les actifs plus sûrs.
À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 1,9% à 5.361,1 points. Le Footsie britannique a cédé 1,48% et le Dax allemand a perdu 1,51%.
L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 1,67%, le FTSEurofirst 300 de 1,33% et le Stoxx 600 de 1,43%.
L'état d'urgence sanitaire a été déclaré en Californie après l'annonce d'un premier mort dû au coronavirus dans l'Etat le plus peuplé des Etats-Unis, portant à 11 le nombre total de décès dans le pays.
Cent-neuf nouvelles infections dues au coronavirus ont été confirmées au cours des 24 dernières heures en Allemagne, la Corée du Sud a confirmé 438 nouveaux cas, les autorités sanitaires chinoises en ont recensé 139 mercredi et la France compte 2 morts de plus.
Les investisseurs ne sont que vaguement rassurés par la réactivité des banques centrales, notamment de la Fed, qui a baissé mardi ses taux de 50 points de base. Dans la foulée, la banque centrale d'Australie, celle de Malaisie, l'Autorité monétaire de Hong Kong et la Banque du Canada ont abaissé leur taux directeur.
Le marché monétaire évalue à 90% la probabilité d'une baisse de taux de 10 points de base de la part de la Banque centrale européenne (BCE) la semaine prochaine.
"Je ne suis vraiment pas sûr que la BCE va réduire ses taux la semaine prochaine", estime toutefois Antoine Bouvet chez ING (AS:INGA). "D'une part, elle n'a pas beaucoup de latitude pour le faire. D'autre part, il y a une attention forte sur l'impact négatif des mesures non conventionnelles."
VALEURS
Tous les secteurs européens ont fini dans le rouge, l'indice Stoxx des ressources de base, particulièrement exposé aux répercussions du coronavirus, accusant la plus importante baisse (-4,25%).
A Francfort, Continental (DE:CONG) a dévissé de 12,36%, à un plus bas de sept ans, après avoir annoncé une perte nette de 1,2 milliard d'euros en 2019 à cause d'une baisse importante de la demande dans le secteur automobile.
La baisse des rendements obligataires fait souffert les valeurs bancaires: BNP Paribas (PA:BNPP), Crédit Agricole (PA:CAGR) et Société générale (PA:SOGN) ont perdu entre 4,11% et 5,77%.
A WALL STREET
Au moment de la clôture européenne, les indices new-yorkais perdaient entre 1,5% et 2,5%.,,
CHANGES
Le dollar perd 0,3% face à un panier de devises internationales. Il recule de près de 0,8% contre le yen, tombant à un plus bas de cinq mois contre la monnaie japonaise qui profite de l'aversion au risque.,
"Malgré une série de données américaines positives publiées mercredi, qui ont montré une fois de plus que l'économie américaine reste solide, le billet vert est de nouveau sous pression car les marchés, effrayés par l'impact potentiel du coronavirus sur la croissance économique mondiale, envisagent un nouvel assouplissement de l'action de la Fed dans un avenir pas trop lointain", a déclaré Ricardo Evangelista chez ActivTrades.
Après la baisse de taux de 0,5 point de pourcentage de la Réserve fédérale mardi, les marchés anticipent à 100% une nouvelle baisse de taux le 18 mars, indique le baromètre FedWatch de CME Group.
L'euro remonte à 1,118 dollar.
La baisse des rendements obligataires de référence s'est amplifiée au fil des heures avec celle des actions: en fin de séance en Europe, celui du Bund allemand à dix ans perdait plus de quatre points de base à -0,686%, au plus bas depuis début septembre.
Sur le marché américain, le rendement à deux ans, l'un des plus sensibles aux anticipations de croissance, est revenu à son plus bas niveau depuis juillet 2016 à 0,5835%. Le dix ans, à0,928%, se rapproche du plus bas historique touché mardi à 0,906%.
PÉTROLE
Le pétrole recule alors que le coronavirus sévit toujours.
Les ministres de l'Energie de l'Opep se sont entendus à Vienne sur une nouvelle réduction de la production de pétrole de 1,5 million de barils par jour (bpj) au deuxième trimestre 2020 pour enrayer la baisse des cours due à l'épidémie de coronavirus, à condition que la Russie donne son accord.
La Russie a jusqu'à présent indiqué qu'elle soutiendrait une extension plutôt que des réductions de production plus importantes.
"L'incertitude entourant le résultat de la réunion de l'OPEP+ pèse sur les cours", a déclaré Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank (DE:CBKG).
Le Brent perd 0,51% à 50,87 dollars le baril et le brut léger américain cède 0,26% à 46,66 dollars.
LES INDICATEURS DU JOUR
Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont diminué aux Etats-Unis la semaine dernière, ce qui suggère que le marché de l'emploi reste solide malgré l'épidémie de coronavirus qui attise les craintes de récession.
(Laetitia Volga, édité par Jean-Michel Bélot)