MOSCOU (Reuters) - L'industrie aéronautique russe veut mettre fin à sa dépendance vis-à-vis de Boeing (NYSE:BA) et Airbus (EPA:AIR) en utilisant des pièces fabriquées localement pour produire 1.000 avions de ligne d'ici 2030, selon des déclarations du groupe industriel public Rostec.
Les avions étrangers, principalement de Boeing et d'Airbus, représentent 95% du trafic passagers en Russie, mais les sanctions occidentales ont entraîné l'épuisement des pièces de rechange.
Reuters a rapporté en août que les compagnies aériennes russes devaient prélever les pièces qu'elles ne peuvent plus acheter à l'étranger sur leurs propres avions de ligne.
Mais Rostec, dirigée par Sergeï Chemezov, qui a travaillé avec Vladimir Poutine en Allemagne de l'Est dans les années 1980, voit dans ce bouleversement l'occasion de développer une industrie aéronautique forte et autonome.
"Les avions étrangers seront retirés de la flotte", a déclaré Rostec dans une réponse écrite aux questions de Reuters sur ses projets et la situation de l'industrie aéronautique russe.
"Nous pensons que ce processus est irréversible et que les avions de Boeing et d'Airbus ne seront jamais livrés à la Russie", a-t-il ajouté.
La moitié des composants et des technologies utilisés dans l'industrie aéronautique russe en 2021 proviennent de pays étrangers, selon un document intitulé "Sur les orientations stratégiques de l'activité dans les nouvelles conditions pour la période allant jusqu'à 2030", préparé par le gouvernement et consulté par Reuters.
Rostec devra trouver des pièces - ou les fabriquer.
"Notre prochain objectif est, dans les plus brefs délais, d'achever la substitution des pièces importées qui étaient livrées depuis l'étranger, pour les projets d'aviation prometteurs - SSJ-New et MS-21", a déclaré Rostec.
De 2022 à 2030, la Russie prévoit de livrer 1.036 avions de passagers, dont 142 Superjet-New et 270 MS-21, ainsi que 70 turbopropulseurs Il-114, 70 moyen-courriers Tu-214, et 12 gros-porteurs Il-96, conçus localement, selon des documents gouvernementaux.
"Nous ne nous attendons pas à un assouplissement des sanctions et nous élaborons nos plans en fonction du scénario difficile actuel", a déclaré Rostec.
(Reportage Gleb Stolyarov et Tim Hepher à Paris, version française Augustin Turpin, édité par Kate Entringer)