PARIS (Reuters) - L'action des banques centrales commence à peser sur la dynamique d’inflation dans les pays développés mais elle ne s'est pas encore transmise aux marchés du travail, ce qui pourrait pousser vers davantage de resserrement monétaire cette année, estime-t-on chez Axa (EPA:AXAF) IM.
"Les banques centrales développées sont désormais confrontées à un brouillard de demande : les économies ralentissent, mais pas les marchés du travail", a observé Gilles Moëc, chef économiste d’Axa IM, à l'occasion d'une conférence de presse.
Aux Etats-Unis, l’inflation sous-jacente est en net ralentissement, à 5,5% sur un an en avril, mais elle ne devrait être que marginalement inférieure à 4% fin 2023, estime l'économiste, qui souligne les signaux contrastés envoyés par le marché du travail avec des salaires horaires qui progressent et des rémunérations hebdomadaires en baisse.
La zone euro est confrontée à une situation similaire, avec une entrée en récession alors que le pic de progression des salaires n’est pas dépassé. Axa IM estime que le pic sera atteint au troisième trimestre de cette année, à plus de 4,5% de progression sur un an.
"Les banques centrales veulent s’assurer que leur politique monétaire se transmette aux marchés du travail avant de baisser les taux", a précisé Gilles Moëc, qui y voit le thème central de 2023.
Dans ce contexte, les marges des entreprises sont vouées à se contracter davantage, alors même que le consensus observé par Axa IM table sur une progression des profits, soutenant les valorisations des actions européennes et américaines.
"Après un sentiment très déprimé fin 2022, les marchés européens sont de nouveau enthousiastes, ce qui signifie que les surprises seront désormais négatives", a commenté Laurent Clavel, responsable du multi-asset chez Axa IM.
"Aux Etats-Unis, l’engouement sur l’IA pousse les actions technologiques en situation de surachat, les indices hors actions technologiques étant en repli depuis le début de l’année", ajoute-t-il.
A l’inverse, les actions et la dette émergentes pourraient profiter de l’avance de cycle pris par les pays en voie de développement, qui disposent d’une marge de manœuvre pour baisser leurs taux directeurs afin de soutenir leur croissance.
(Reportage Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)