(Reuters) - Un juge de l'Oklahoma a considéré lundi que Johnson & Johnson avait contribué à la crise de surconsommation d'opioïdes dans l'Etat en usant de méthodes commerciales trompeuses et a condamné le laboratoire pharmaceutique à verser 572 millions de dollars (515,2 millions d'euros) de dommages-intérêts.
Le montant fixé par la justice est nettement inférieur à ce que craignaient certains investisseurs et analystes, dans un procès considéré comme devant servir de référence à d'autres litiges liés à la crise des opioïdes au niveau national, et dans lequel le procureur avait réclamé 17 milliards de dollars pour financer la lutte contre l'épidémie sur les 30 années à venir.
"On s'attendait à une amende de 1,5 à 2 milliards de dollars", a soulginé Jared Holz, responsable de la stratégie dans le secteur pharmaceutique chez Jefferies. "572 millions de dollars, c'est bien moins que ce que l'on redoutait."
L'action gagnait 5% dans les transactions en après-Bourse en réaction à cette décision. Les titres des autres groupes pharmaceutiques qui vendent des opioïdes pour le traitement de la douleur, y compris Teva Pharmaceutical Industries (NYSE:TEVA) et Endo International, progressaient également.
J&J a toutefois annoncé qu'il ferait appel de la décision.
Le procès, qui s'est tenu dans la ville de Norman, est le premier marquant l'aboutissement de l'une des quelque 2.000 procédures judiciaires engagées par des Etats ou des collectivités locales aux Etats-Unis contre des entreprises pharmaceutiques mises en cause dans la crise des opioïdes.
Selon le Center for Disease Control and Prevention, une agence fédérale, ces molécules de synthèse ont été à l'origine de près de 400.000 morts par surdose entre 1999 et 2017.
L'affaire a été portée en justice par le ministre de la Justice de l'Etat, Mike Hunter.
Avant ce procès, l'Oklahoma a conclu des accords amiables avec la société Purdue Pharma, qui fabrique l'OxyContin, un des plus connus des antidouleur mis en cause, pour 270 millions de dollars (242 millions d'euros) et Teva Pharmaceutical pour 85 millions, faisant de J&J le seul laboratoire à comparaître.
Au cours du procès, les avocats de l'Oklahoma, ont reproché à J&J d'avoir présenté ses opioïdes - le Duragesic et le Nucynta - comme étant "sûrs et efficaces contre les douleurs du quotidien", tout en minimisant les risques d'addiction.
J&J a nié toute faute et argué du fait que les produits du groupe ne représentaient qu'une faible part des opioïdes prescrits dans l'Oklahoma et que les avertissements de la Food and Drug Administration (FDA), l'autorité du médicament, sur les risques d'addiction figuraient bien sur les emballages.
(Heide Brandes à Norman, Oklahoma, et Nate Raymond à Boston; avec Julie Steenhuysen à Chicago et Jonathan Stempel à New York, Juliette Rouillon pour le service français)