PARIS (Reuters) - L'attaque de Nicolas Sarkozy contre la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem, dont il dénonce la réforme des collèges, est "légèrement xénophobe", a estimé mercredi le Premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis.
Le ministre des Finances Michel Sapin, a également accusé le président de l'UMP de "faire appel aux plus bas instincts".
Lors d'une réunion publique en Seine-Saint-Denis, Nicolas Sarkozy a déclaré lundi que "dans le combat effréné vers la médiocrité", la ministre de la Justice Christiane Taubira était "en passe d'être dépassée par la ministre de l'Education nationale".
"C'est une certaine connotation", a déclaré mercredi sur RTL Jean-Christophe Cambadélis.
"Madame Taubira a été attaquée pour les raisons que l'on sait, pour la couleur de sa peau, et madame Belkacem est attaquée, pourquoi? Parce qu'elle s'appelle madame Belkacem", a-t-il ajouté.
A la question "pensez-vous que l'attaque de Nicolas Sarkozy est raciste?", il a répondu : "Je pense qu'elle est légèrement xénophobe, je le dis, et c'est inadmissible dans notre République."
Le ministre des Finances Michel Sapin a estimé sur BFM TV et RMC que ce n'était "pas un hasard" si Nicolas Sarkozy avait "mis dans une même phrase et dans des termes injurieux la ministre de la Justice et la ministre de l'Education nationale".
"C'est une ministre de la Justice qui a une couleur de peau, et c'est une ministre de l'Education nationale qui porte un nom", a-t-il dit.
"C'est une sorte d'appel aux plus bas instincts (...) Quand on a été président de la République et quand on souhaite le redevenir, la première des choses c'est de laisser de côté les bas instincts."
Des voix à droite ont dénoncé la "facilité intellectuelle" de ces critiques, qui coupe court selon elles à tout débat sur le fond des réformes.
"Arrêtons de nous faire croire qu'on critique cette réforme parce qu'elle est portée par Najat Vallaud-Belkacem", a ainsi estimé sur Radio Classique et LCI Benoist Apparu, député UMP de la Marne.
Najat Vallaud-Belkacem est la cible d'une salve croissante d'attaques en raison de sa réforme des collèges, très décriée.
La ministre de la Justice avait elle-même été très critiquée en 2013, notamment par la droite, lors de l'examen du projet de loi instituant le mariage pour tous, qu'elle portait.
(Chine Labbé, édité par Marc Joanny)