PARIS (Reuters) - L'opposition de droite, qui a lézardé mardi "l'unité nationale" en huant le gouvernement à l'Assemblée quatre jours après les attentats de Paris et Saint-Denis, a fait amende honorable mercredi et applaudi Manuel Valls et Bernard Cazeneuve.
L'image "désastreuse", de l'avis de parlementaires mais surtout d'électeurs furieux de l'attitude des députés, renvoyée par la séance des questions à l'Assemblée a suscité un flot de critiques outrées sur les réseaux sociaux.
"On a déconné hier", concède un député des Républicains sous le sceau de l'anonymat. "On a eu des remontées très critiques de nos circonscriptions".
Un autre élu LR, réputé pour ses déclarations "musclées", a déploré, lui aussi sous le sceau de l'anonymat, une séance "pathétique des deux côtés". Il propose que les députés soient désormais assis par ordre alphabétique dans l'hémicycle pour éviter ce genre d'incidents.
Quelques élus ont toutefois tenté de justifier les réactions de la veille par l'attitude "agressive" de Manuel Valls qui selon eux n'a "pas été à la hauteur de la situation", alors que l'ancien président Nicolas Sarkozy ne cesse de critiquer l'action de l'exécutif par médias interposés.
Le chef de file des Républicains, Christian Jacob, a réuni mercredi les députés pour tirer les leçons du désordre de la veille, où trois chefs de file LR pour les régionales, Laurent Wauquiez, Christian Estrosi et Valérie Pécresse, ont interpellé le Premier ministre à deux semaines du scrutin dans une séance marquée par les huées, les invectives et autres mises en cause.
TAUBIRA EPARGNÉE
Emmenés par le député Bruno Le Maire, qui a posément défendu en préambule de la séance de mercredi les nécessités et contreparties de l'union nationale, les députés LR ont applaudi notamment le ministre de l'Intérieur, qui a rendu hommage aux forces de l'ordre à la suite de l'opération de Saint-Denis contre des djihadistes présumés.
Même la ministre de la Justice, Christiane Taubira, régulièrement conspuée dans l'hémicycle, a pris la parole dans un silence sans précédent. "On a décidé de ne plus tirer à boulets rouges sur Taubira", explique un député.
Dans un échange de bons procédés, le président socialiste de l'Assemblée, Claude Bartolone, a consenti à reporter à mardi soir l'examen de la loi Santé, comme le réclamait l'opposition, après avoir obtenu l'engagement de Christian Jacob que ses troupes se tiendraient correctement.
Claude Bartolone avait lancé mercredi matin un appel au calme lors d'une conférence des présidents, jugeant "inadmissible" le spectacle de la veille.
"L'union nationale, ça ne peut pas être Hollande et Valls agissent et l'opposition se tait. Il faut que chacun fasse une part du chemin", a toutefois prévenu le député Daniel Fasquelle, proche de Nicolas Sarkozy.
"On attend surtout de François Hollande et de Manuel Valls qu'ils respectent l'opposition, qu'ils nous tendent la main et qu'ils ouvrent vraiment le dialogue", a-t-il ajouté.
(Emile Picy, édité par Sophie Louet)