TOKYO (Reuters) - La Bourse de Tokyo (TSE) a lancé la négociation de crédits carbone mercredi, un élément clé de la stratégie japonaise de lutte contre le changement climatique.
Le cinquième plus grand émetteur de dioxyde de carbone (CO2) au monde a mis en place un système de tarification du carbone et d'échange de droits d'émission, visant à réduire les émissions de CO2 de 46% par rapport aux niveaux de 2013 d'ici à 2030 et à atteindre le net zéro d'ici à 2050.
QUELS SONT LES OBJECTIFS DU JAPON?
Le système de tarification du carbone, que le Japon a graduellement lancé en avril, vise à accélérer la décarbonation, alors que le pays a pris du retard par rapport à d'autres grandes économies sur la réduction des émissions.
Le Japon estime que le système, qui combine l'échange de droits d'émission et une taxe sur le carbone, contribuera à rendre son économie plus verte tout en préservant la compétitivité de ses industries, notamment celles qui émettent beaucoup de CO2, comme les sidérurgistes.
L'Europe et les États-Unis ont mis au point des outils de soutien au secteur privé, afin de l'aider à faire face aux risques et aux coûts associés aux investissements verts. Le gouvernement japonais estime que les secteurs public et privé devront investir plus de 150.000 milliards de yens (949,5 milliards d'euros) dans des mesures de décarbonation au cours des dix prochaines années.
Le gouvernement contribuera à hauteur de 20.000 milliards de yens en émettant des obligations remboursées par les recettes de la taxe carbone et des quotas d'émission.
COMMENT LE SYSTÈME D'ÉCHANGE DE QUOTAS D'ÉMISSION EST-IL MIS EN ŒUVRE ?
Le système, basé sur des propositions émanant principalement du ministère japonais de l'Économie, du commerce et de l'Industrie et approuvé par le cabinet du Premier Ministre cette année, consiste en un système d'échange de quotas d'émission et en une taxe sur le carbone.
Le TSE a d'abord lancé un nouveau marché des crédits carbone le 11 octobre 2023 pour échanger les crédits carbone existants, connus sous le nom de J-Credits.
En octobre 2024 sera mise en place la version japonaise du système d'échange de quotas d'émission (ETS), qui passera par un forum pour la "transformation verte" appelé "GX League".
Les participants - environ 680 entreprises à la fin du mois de janvier, représentant plus de 40% des émissions du Japon - se verront attribuer des quotas d'émission et devront se fixer des objectifs de réduction des émissions qui aideront le pays à atteindre ses objectifs pour 2030 et 2050.
Les entreprises qui dépasseront leurs objectifs et ceux du pays pourront vendre des quotas d'émission, tandis que celles qui n'atteindront pas leurs objectifs devront en acheter.
Les détails de l'échange de quotas d'émission de la GX League doivent encore être finalisés.
D'ici l'exercice fiscal 2026/27, le Japon entend définir des lignes directrices pour le système d'échange de quotas d'émission et introduire un mécanisme de certification des objectifs des entreprises, afin de rendre le système équitable et efficace.
Une supervision pourrait également être mise en place pour les réfractaires.
À partir de 2033/34 environ, la vente aux enchères de quotas d'émission pour les producteurs d'électricité commencera.
Une taxe sur le carbone sera introduite à partir de 2028/29 environ pour les importateurs de combustibles fossiles comme les raffineurs, les courtiers en matières premières et les compagnies d'électricité. La taxe initiale sera peu élevée, mais augmentera progressivement.
COMMENT FONCTIONNE LE SYSTEME D'ECHANGE DE DROITS D'EMISSION DE CARBONE DU TSE ?
Au 19 septembre, 188 entités au total s'étaient inscrites en tant que participants au système d'échange de crédits carbone du TSE. Les heures de négociation sont de 9h00 à 11h29 (0000-0229 GMT) et de 12h30 à 14h59 (0330-0559 GMT).
Par l'intermédiaire du nouveau marché, les membres inscrits peuvent négocier des J-Credits sur le TSE, une unité de Japan Exchange. Les prix de transaction sont fixés deux fois par jour et publiés après les heures de négociation.
Dans le cadre du système J-Credit, le gouvernement certifie sous forme de "crédit" la quantité d'émissions de gaz à effet de serre réduite ou supprimée grâce aux efforts déployés pour introduire des énergies renouvelables, des équipements permettant d'économiser l'énergie ou la gestion des forêts.
(Rédigé par Yuka Obayashi, Katya Golubkova, version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)