Par Laura Sánchez
Investing.com - Une semaine intense de données macroéconomiques et de résultats d'entreprises, qui rend les investisseurs nerveux. Les marchés boursiers européens -Ibex 35, CAC 40, DAX...- sont dans le rouge à la mi-séance.
Plusieurs banquiers centraux ont leur mot à dire ce mardi, après les hausses de taux de la semaine dernière. Clément Inbona, gérant du fonds français La Financière de l'Echiquier (LFDE), explique que "la possibilité d'une pause est désormais officiellement sur la table". Selon cet expert, "tenaillé par une inflation qui reste au-dessus de son objectif de 2% et les effets du resserrement des conditions monétaires qui tardent à se matérialiser, le président Powell n'a pas fermé la porte à de nouvelles hausses, mais il a pris ses distances avec l'éventualité d'une baisse dans les prochains mois".
"Le décideur de la Fed ne peut pas naviguer aussi bien qu'il le souhaiterait en raison de plusieurs vents contraires. D'une part, le marché du travail reste tendu, ce qui fait craindre une hausse de l'inflation liée aux salaires, après avoir été tirée par les matières premières et, par la suite, par les bénéfices. D'autre part, les faillites bancaires se multiplient et ferment un peu plus le robinet du crédit. La pause ressemble donc à une bouée de sauvetage jusqu'à ce que les choses deviennent plus claires et que les conséquences des précédentes hausses de taux et de la crise bancaire puissent être évaluées avec plus de précision", explique M. Inbona.
"À Francfort, en revanche, Christine Lagarde a exclu toute pause dans le cycle de resserrement. Le président de la BCE va accélérer la réduction de son bilan à partir de juillet en ne réinvestissant plus les coupons et le principal des obligations arrivant à échéance, soit environ 27 milliards d'euros par mois d'ici la fin de l'année. Le tir de barrage va donc se poursuivre. Nous comprenons aussi qu'il y a des divergences au sein du Conseil des gouverneurs, où une minorité a appelé à une hausse de 0,50 %", ajoute l'analyste.
Pour Inbona, "le scénario de la Fed n'est pas jugé crédible : les marchés de taux anticipent au moins trois baisses de taux avant la fin de l'année, alors que les membres de la Fed écartent cette hypothèse".
Bank of America (NYSE :BAC) rappelle que si la bourse américaine monte une fois tous les deux ans depuis un demi-siècle lorsque la Fed tire la dernière salve, elle baisse aussi systématiquement en cas de cycle inflationniste, de -5% en moyenne sur un horizon de trois mois. Dans la zone euro, la BCE ne fournit pas de projections de taux à moyen ou long terme, il est donc impossible de mesurer la divergence des trajectoires de taux qui pourrait émerger entre le marché et l'institut d'émission. A ce stade, on peut seulement dire que le marché des taux s'attend à une ou deux hausses supplémentaires d'ici la fin de l'année, ce qui ne semble pas très éloigné des indications données par la BCE, conclut l'expert de La Financière de l'Echiquier.