par Patrick Vignal
PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes réagissent calmement mercredi en début de séance à la décision de Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l'accord sur le programme nucléaire iranien et de rétablir les sanctions américaines contre Téhéran.
Largement attendues par les marchés, les annonces faites mardi par le président américain ont surtout pour effet pour l'instant de faire grimper les cours du pétrole sur des anticipations d'impact sur la production iranienne et de montée des tensions au Moyen-Orient.
Le Brent de la mer du Nord prend ainsi 2,9% pour atteindre un pic de trois ans et demi à 77 dollars le baril. Le brut léger américain bondit également (+2,8% à 71 dollars).
"A très court terme, l'impact de la montée des tensions géopolitiques paraît se limiter au marché pétrolier mais ce n'est pas la fin de l'histoire", commente Norihiro Fujito, responsable de la stratégie d'investissement pour Mitsubishi UFJ Morgan Stanley (NYSE:MS) Securities.
"Les sanctions américaines pourraient affecter plusieurs compartiments industriels et les tensions pourraient s'aggraver entre l'Iran et Israël, ce qui pourrait affecter le marché actions".
SIEMENS GRIMPE, BURBERRY CHUTE
Pour l'instant, la réaction sur les marchés d'actions est très mesurée.
À Paris, l'indice CAC 40 cède 0,03% à 5.520,04 points vers 07h50 GMT. À Francfort, le Dax prend 0,13% et à Londres, le FTSE gagne 0,39%.
L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro progresse de 0,16%, le FTSEurofirst 300 de 0,31% et le Stoxx 600 de 0,20%.
La plus forte hausse sectorielle en Europe est logiquement pour le compartiment de l'énergie qui prend 1,57% avec notamment, à Paris, un gain de 2,86% pour TechnipFMP, la plus forte hausse du CAC.
La cote en Europe est animée également par l'actualité des entreprises avec notamment un bond de 4,39% pour Siemens (DE:SIEGn), qui a relevé sa prévision de bénéfice par action annuel au vu de solides performances sur les six premiers mois de son exercice.
A la hausse également Anheuser-Busch InBev, le premier brasseur mondial, gagne 3,07% après avoir publié un résultat brut d'exploitation en hausse pour le premier trimestre.
A la baisse, Burberry (LON:BRBY) chute de 7,22% après l'annonce par la holding belge Groupe Bruxelles Lambert de son intention de céder l'intégralité de sa participation de 6,6% dans le groupe de luxe britannique.
LE PÉTROLE IRANIEN EN PREMIÈRE LIGNE
En vertu de l'accord de 2015, conclu entre l'Iran, les Etats-Unis, la France, la Russie, la Grande-Bretagne, la Chine et l'Allemagne, Téhéran a accepté de réduire ses activités nucléaires en échange d'une levée progressive de la majeure partie des sanctions internationales qui le visaient.
Conséquence de la dénonciation de l'accord par Washington, les Etats-Unis vont rétablir une large palette de sanctions concernant l'Iran à l'issue de périodes transitoires de 90 à 180 jours, qui viseront notamment le secteur pétrolier iranien ainsi que les transactions en dollar avec la banque centrale du pays, a annoncé mardi le département du Trésor américain.
Dans un communiqué et un document publiés sur son site internet, le Trésor américain précise que le rétablissement des sanctions concerne également les exportations aéronautiques vers l'Iran, le commerce de métaux avec ce pays ainsi que toute tentative de Téhéran d'obtenir des dollars US.
Londres, Paris et Berlin ont exprimé dans un communiqué commun leur "préoccupation" après la décision de Donald Trump et ont appelé toutes les parties signataires à la "responsabilité".
L'accord sur le nucléaire iranien "n'est pas mort", a déclaré mercredi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui a annoncé des contacts prochains des Européens avec la République islamique dans l'espoir de le sauver.
LE 10 ANS AMÉRICAIN TOUCHE À NOUVEAU 3%
Le contexte géopolitique global est tendu en outre par la décision de l'Argentine de demander l'aide du Fonds monétaire international (FMI) pour stabiliser ses finances. Le pays connaît depuis deux semaines une forte volatilité financière avec l'effondrement du peso qui a conduit la banque centrale à porter à 40% le principal taux directeur.
Comme d'autres économies émergentes, l'Argentine est confrontée à la récente remontée des taux d'intérêt et à l'appréciation du dollar.
Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans a ainsi touché à nouveau 3% mercredi, un seuil symbolique qu'il avait déjà franchi le 24 avril dernier, pour la première fois depuis janvier 2014, tandis que le dollar progresse de 0,2% face à un panier de devises de référence.
En Asie, la Bourse de Tokyo a reculé de 0,44% malgré un bond de 3,76% pour Toyota (T:7203) après l'annonce par le constructeur d'un programme de rachat d'actions.
L'indice MSCI regroupant les valeurs d'Asie et du Pacifique (hors Japon) cède 0,17%.
Wall Street, qui a fini mardi quasiment à l'équilibre, prendra connaissance une heure avant l'ouverture de la séance de l'indicateur des prix à la production aux Etats-Unis pour le mois d'avril (12h30 GMT).
(Édité par Véronique Tison)