par Patrick Vignal
PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont reculé mardi, de nouveau pénalisées par les tensions autour des finances publiques italiennes avec une séance difficile pour le secteur bancaire.
Le soutien apporté lundi par la conclusion d'un nouvel accord de libre-échange en Amérique du Nord s'est vite dissipé dans des marchés nerveux, comme en atteste l'indice mesurant la volatilité implicite de l'EuroStoxx 50, qui a pris près de 9%.
À Paris, le CAC 40 a cédé 0,71% à 5.467,89 points. Le Footsie britannique a perdu 0,28% et le Dax allemand a reculé de 0,42%.
L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 0,74%, le FTSEurofirst 300 0,53% et le Stoxx 600 0,52%.
Alors qu'une nouvelle réunion ministérielle sur le budget est prévue en fin de journée à Rome, le vice-président du Conseil italien Luigi di Maio a affirmé que le gouvernement ne renoncerait pas à son objectif de déficit de 2,4% du produit intérieur brut (PIB).
Il a toutefois exclu une sortie de l'Italie de l'Union européenne et de l'euro, contrant ainsi le responsable des questions économiques de la Ligue, le parti d'extrême droite membre de la coalition gouvernementale, selon lequel l'Italie irait mieux en revenant à une monnaie nationale.
"Ces déclarations n'inspirent pas vraiment la confiance dans l'Italie et dans la devise européenne", commente l'analyste David Madden (CMC Markets). "Le gouvernement italien se dresse face à l'Union européenne, ce qui pourrait maintenir la pression sur les emprunts d'Etat italiens et sur les actions de la zone euro".
VALEURS
Les déclarations de responsables politiques italiens ont favorisé une forte poussée des rendements de la dette publique italienne et fait chuter les valeurs bancaires: l'indice italien du secteur a cédé 1,17%, l'indice Stoxx du compartiment reculant pour sa part de 0,97%.
Banco BPM a perdu 1,99%, UBI Banca 2,06% et UniCredit 1,85%.
Les tensions sur le marché obligataire, qui ont provoqué une rechute des rendements allemands, ont pesé aussi sur le secteur de l'assurance (-0,83%).
La plus forte baisse du Stoxx 600 est de nouveau pour Royal Mail (LON:RMG), qui a encore cédé 8,38% après une chute de plus de 17% lundi en réaction à un avertissement sur résultats.
Le compartiment des matières premières (+0,76%) enregistre l'une des rares progressions sectorielles du jour.
A WALL STREET
A l'heure de la clôture en Europe, les indices de Wall Street sont en hausse légère pour le S&P-500 et le Nasdaq mais plus nette pour le Dow Jones, qui a battu son record absolu en séance en atteignant 26.791,13 points (+0,5%) avec un coup de pouce de l'action Intel (NASDAQ:INTC) (+4,4%).
PepsiCo a donné le coup d'envoi d'une nouvelle saison de résultats en publiant mardi un chiffre d'affaires et un bénéfice par action trimestriels supérieurs aux attentes. Le titre n'en baisse pas moins de 1,39% en raison de ventes en Amérique du Nord jugées décevantes.
A la baisse également, General Motors (NYSE:GM) cède 1,49% après des chiffres mal accueillis de ventes aux Etats-Unis en septembre.
La tendance à Wall Street pourrait évoluer avec un discours que doit prononcer à 16h45 GMT le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell.
TAUX
Sans surprise, les déclarations des dirigeants italiens ont entraîné de nouvelles tensions sur le marché des emprunts d'Etat de la péninsule. Le rendement des titres à deux ans émis par Rome a pris jusqu'à 20 points de base avant de s'apaiser et le dix ans a pris plus de 12 points à 3,4%, au plus haut depuis le printemps 2014.
L'écart de rendements entre les titres à dix ans italiens et allemands a ainsi atteint un pic à 305 points de base, au plus haut depuis plus de cinq ans.
Son creusement s'explique aussi par la baisse marquée des rendements du Bund, les titres allemands jouant leur rôle de valeur refuge. Le dix ans a cédé plus de quatre points de base pour repasser sous 0,43%.
CHANGES
Les nouvelles tensions liées à l'Italie ont accentué le repli de l'euro, qui a cédé jusqu'à 0,4% face au dollar à 1,153, au plus bas depuis le 10 septembre, avant de réduire ses pertes.
La monnaie cédait déjà du terrain face au billet vert avant les déclarations des responsables politiques italiens, la devise américaine restant portée par l'annonce de l'accord commercial USA-Canada-Mexique et par les anticipations de poursuite de la hausse des taux de la Réserve fédérale.
L'indice qui mesure les fluctuations de la monnaie américaine face à un panier de référence gagne encore 0,15%, après avoir atteint en séance un plus haut depuis le 21 août.
PÉTROLE
Les cours du pétrole baissent un peu mais restent à proximité de leurs pics de quatre ans à quelques semaines de l'entrée en vigueur des sanctions américaines contre l'Iran, susceptibles de peser sur l'offre mondiale.
A SUIVRE MERCREDI :
La journée de mercredi sera marquée par la publication des résultats des enquêtes mensuelles auprès des directeurs d'achat (PMI) sur l'activité des services dans la zone euro.
Les marchés seront fermés en Chine et en Allemagne.
(Édité par Blandine Hénault)