PARIS (Reuters) - Les investissements à venir d'EDF (EPA:EDF) pourraient dépasser 20 milliards d'euros par an, a déclaré jeudi la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, précisant que ce niveau faisait l'objet de discussions avec le groupe.
Alors que l'électricien public est confronté à la nécessité de maintenir son parc nucléaire existant et de construire de nouveaux réacteurs en France, son PDG, Luc Rémont, avait évoqué en juillet un montant potentiel de 25 milliards d'euros par an.
"Ce dont on parle (...) pour EDF, c'est d'investissements qui pourraient atteindre (...) plus de 20 milliards d'euros par an", a déclaré Agnès Pannier-Runacher lors d'une conférence sur le nucléaire organisée au siège de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à Paris.
"Il y a une discussion pour savoir si c'est 20 ou si c'est plus", a-t-elle ajouté.
Alors que la France veut bâtir au moins six EPR2 en une vingtaine d'années, la ministre a précisé que la construction de nouveaux réacteurs nucléaires ne représenterait pour EDF qu'un part limitée de ces investissements, soit quelque 3 milliards d'euros par an.
La construction de nouveaux réacteurs "n'est pas un défi financier, c'est un défi industriel", a-t-elle également dit, ajoutant que les schémas de financement envisagés en France - tels que des "contrats pour différence" ou des systèmes de bases d'actifs régulés - étaient similaires à ceux qui ont été mis en place dans d'autres pays.
EDF et le gouvernement discutent d'une nouvelle régulation du nucléaire devant permettre au groupe d'investir tout en protégeant les consommateurs de trop fortes hausses des prix. Cela pourrait se traduire par un plafonnement des revenus de l'électricien, dont l'Etat est redevenu l'actionnaire unique début juin.
Au moment où la France tente d'obtenir une régulation favorable au nucléaire au niveau européen à travers la réforme du marché de l'électricité, Emmanuel Macron a annoncé lundi son intention de "reprendre le contrôle du prix de notre électricité" dans le cadre d'une loi prévue d'ici à la fin de l'année, sans préciser de quelle manière.
Des représentants d'une vingtaine de pays participent avec la France à la conférence sur le nucléaire organisée à l'OCDE, parmi lesquels le Canada, le Japon, la République tchèque, la Pologne, les Pays-Bas, la Turquie, l'Ukraine, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Dans ce cadre, ils ont publié un appel à soutenir le nucléaire en vue de la prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP28) qui se tiendra à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre.
(Reportage Benjamin Mallet ; édité par Blandine Hénault)