FRANCFORT (Reuters) - Les responsables de la Banque centrale européenne (BCE) ont exprimé lundi des points de vue divergents sur les prochains relèvements de taux d'intérêt, suggérant que les décisions qui suivront celles de février restent incertaines.
La BCE a clairement laissé entendre en décembre qu'elle opterait pour un rythme régulier de hausses de taux de 50 points de base sur plusieurs réunions afin de lutter contre l'inflation, mais plusieurs analystes ont exprimé des doutes sur sa détermination.
Les gouverneurs des banques centrales des Pays-Bas et de Slovaquie se sont prononcés explicitement en faveur d'une hausse importante en mars, mais leurs confrères italien et grec ont plaidé pour une initiative plus prudente, à quelques jours seulement de la période de réserve de la BCE précédent la réunion du 2 février.
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a cherché à mettre fin à ce débat la semaine dernière lorsqu'elle a dit aux investisseurs de "réviser leurs positions".
Peter Kazimir, gouverneur de la Banque de Slovaquie, a déclaré que des hausses consécutives de 50 points de base étaient encore nécessaires et que le resserrement de la politique monétaire pourrait être réalisé d'ici l'été.
"Une baisse de l'inflation sur deux mois consécutifs est une bonne nouvelle. Mais ce n'est pas une raison pour ralentir le rythme", a-t-il dit lundi dans un communiqué. "Je suis convaincu que nous devons procéder à deux nouvelles hausses de 50 points de base".
Klaas Knot, son homologue néerlandais, a fait une déclaration tout aussi explicite ce week-end, promettant d'autres hausses au-delà de mars.
Mais les "colombes" de l'institution, largement silencieuses ces derniers mois, ont également fait entendre leur voix ce lundi.
Le gouverneur de la banque centrale grecque, Yannis Stournaras, a déclaré que l'incertitude sur les perspectives d'inflation était tout simplement trop forte avec la volatilité des marchés, la guerre en Ukraine et une possible récession, de sorte que la BCE gagnerait à adopter une approche plus prudente.
"A mon avis, l'ajustement des taux d'intérêt doit être plus progressif, compte tenu du ralentissement de la croissance de l'économie dans la zone euro", a-t-il déclaré au quotidien Kathimerini.
Ignazio Visco a également déclaré que la remontée des taux devaient se faire progressivement, en gardant à l'esprit que les prévisions d'inflation à long terme restent ancrées près de l'objectif de 2% de la BCE et qu'il n'y a aucun signe de spirale salaires-prix.
"Je ne suis pas convaincu qu'il soit préférable actuellement de risquer un resserrement trop important, plutôt que trop faible", a déclaré le gouverneur de la Banque d'Italie.
(Balazs Koranyi à Frankfurt, Gavin Jones à Rome, Robert Muller à Prague et Karolina Tagaris à Athènes, version française Laetitia Volga, édité par Kate Entringer)