(Reuters) - La Bourse de New York a fortement reculé vendredi avec des replis de plus de 2% pour le S&P 500 et le Dow Jones et de près de 3% pour le Nasdaq, pénalisée par de nouveaux doutes sur le front du commerce ainsi que par la persistance de la crainte d'une récession de l'économie américaine à plus ou moins court terme.
Bien orientés dans les premiers échanges, les indices de Wall Street sont repartis à la baisse après les commentaires de Peter Navarro, le conseiller au commerce de la Maison blanche.
Ce dernier a déclaré à CNN que si les Etats-Unis et la Chine ne parvenaient pas à un accord au terme de leur trêve de 90 jours, les autorités américaines poursuivraient la hausse des droits de douane sur les importations chinoises.
Il n'en fallait pas plus pour couper l'appétit des investisseurs pour les actifs risqués, déjà réduit par les inquiétudes provoquées par des signes d'inversion des courbes de rendement des emprunts d'Etat américain.
Le Dow Jones a cédé 558,72 points, soit 2,24%, à 24.388,95.
Le S&P-500, plus large, a perdu 62,87 points, soit 2,33%, à 2.633,08 points.
Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 219,01 points (3,05%) à 6.969,25.
Sur l'ensemble de la semaine, le Dow a perdu 4,5%, le S&P 4,6% et le Nasdaq 4,9%, la plus mauvaise performance hebdomadaire pour ces trois indices depuis le mois de mars
La moyenne mobile à 50 jours du S&P 500 est passée sous celle à 200 jours, formant une "croix de la mort", soit une figure graphique qui se dessine lorsqu'une moyenne mobile courte chute pour briser une moyenne mobile longue, descendante elle aussi. Historiquement, ce signal indique de nouvelles pertes à venir pour un indice avant un rebond.
"Les actions ont continué de se replier dans un contexte de pessimisme renouvelé quant aux perspectives des négociations commerciales sino-américaines et de craintes d'un ralentissement de la croissance économique", résume Mark Haefele, directeur des investissements pour UBS Global Wealth Management.
VALEURS
Le regain de tension sur le front du commerce a une nouvelle fois pénalisé le secteur technologique et notamment Apple (NASDAQ:AAPL), qui a pesé de tout son poids sur les indices en perdant 3,57%.
LES INDICATEURS DU JOUR
Du côté de la conjoncture, la croissance de l'emploi a ralenti en novembre aux Etats-Unis et les hausses salariales n'ont pas répondu aux attentes, ce qui laisse supposer un tassement de l'activité économique plaidant pour une modération de la Réserve fédérale l'an prochain dans le resserrement de sa politique.
Le dollar a cédé un peu de terrain face à un panier de devises de référence après la publication de cette statistique.
Les marchés financiers tablent dorénavant sur une seule hausse de taux l'an prochain, contre deux il y a un mois, selon le baromètre FedWatch de CME Group. La banque centrale devrait relever les taux pour la quatrième fois cette année au terme de sa réunion de politique monétaire des 18 et 19 décembre.
LA SÉANCE EN EUROPE
Les Bourses européennes ont terminé en ordre dispersé malgré le soutien du pétrole.
À Paris, le CAC 40 a terminé en hausse de 0,68% à 4.813,13 points et à Londres, le Footsie a pris 1,1%.
Le Dax allemand a en revanche cédé, plombé par la chute de Fresenius (DE:FREG) SE (-17,71%) et de sa filiale Fresenius Medical Care (FMC) (-8,47%) après l'abaissement par le groupe allemand de santé de ses objectifs de moyen terme.
TAUX
Le rendement des Treasuries à 10 ans a encore reculé pour descendre à 2,85%, portant son repli sur la semaine à 17 points de base pour boucler sa cinquième baisse hebdomadaire consécutive.
Le président de la Fed de St.Louis, James Bullard, a déclaré que les récents développements sur les marchés et la perspective d'une hausse de l'objectif des "fed funds" rendaient possible une inversion de la courbe des taux avant la fin du mois.
James Bullard a réaffirmé par ailleurs que la banque centrale américaine devait selon lui marquer une pause dans son cycle de resserrement monétaire.
PÉTROLE
Les cours du pétrole ont terminé en hausse de plus de 2% sur le marché new-yorkais Nymex après l'accord à l'Opep sur une réduction des pompages.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole réduira sa production de 800.000 barils par jour (bpj) à partir de janvier, tandis que les producteurs hors Opep diminueront la leur de 400.000 bpj, a déclaré le ministre irakien du Pétrole à l'issue d'une réunion de deux jours du cartel à Vienne.
L'Arabie saoudite, leader de facto de l'Opep, était soumise à de fortes pressions de Donald Trump, qui lui demandait de donner un coup de pouce à l'économie mondiale en s'abstenant de réduire l'offre.
En faisant augmenter les prix, La diminution de la production soulagera l'Iran, troisième producteur de l'Opep frappé par de nouvelles sanctions imposées par les Etats-Unis.
(Patrick Vignal pour le service français, avec April Joyner à New York)