PARIS (Reuters) - Les laboratoires Servier et l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ont été renvoyés en correctionnelle dans le dossier du Mediator, un médicament responsable de quelque 2.000 décès en France, a-t-on appris mardi de source judiciaire.
"Les juges d'instruction ont rendu une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel conforme au réquisitoire du parquet", a déclaré la source, confirmant une information révélée par France Inter.
Concernant Servier, qui a commercialisé ce médicament jusqu'à son interdiction en 2009, le parquet avait demandé le renvoi pour obtention indue d'autorisation, tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires ainsi que pour trafic d'influence.
Pour l'ANSM, le réquisitoire définitif du parquet, long de 597 pages, portait sur le volet blessures et homicides involontaires de l'affaire.
Au total, 14 personnes physiques et onze personnes morales, dont le groupe pharmaceutique et l'agence du médicament, comparaîtront lors du procès.
Le Mediator est un antidiabétique, longtemps utilisé comme coupe-faim et prescrit à au moins cinq millions de personnes, qui est présumé responsable de centaines de décès, selon différentes études épidémiologiques.
Les doutes sur son utilité médicale et les soupçons sur sa nocivité étaient connus depuis la fin des années 1990.
L'affaire a donné lieu ces dernières années à un long feuilleton judiciaire.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)