par Robin Emmott et Stella Qiu
BRUXELLES/PEKIN (Reuters) - L'Union européenne a rappelé lundi à la Chine sa promesse d'ouvrir davantage son économie et mis en garde contre les "conséquences très négatives" d'une mise en oeuvre de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong.
S'exprimant à l'issue d'un sommet UE-Chine en visioconférence et des entretiens avec le président Xi Jinping et le Premier ministre Li Keqiang, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel ont dit également avoir renouvelé leurs accusations selon lesquelles Pékin aurait diffusé de fausses informations sur le nouveau coronavirus.
"La relation entre l'UE et la Chine est à la fois l'une des plus importantes sur le plan stratégique et l'une des plus difficiles que nous ayons", a observé Ursula von der Leyen lors d'une conférence de presse.
Qualifiant la Chine de partenaire et de concurrent, la présidente de la Commission a regretté que l'accord de 2019 autorisant un accès plus large aux entreprises européennes en Chine n'ait pas été suivi d'effet.
Le Premier ministre chinois Li Keqiang s'est voulu plus optimiste en estimant que la Chine et l'Union européenne étaient d'abord des partenaires avant d'être des concurrents mais ses interlocuteurs à Bruxelles ont insisté pour réaliser des progrès sur un accord d'investissement en négociation depuis 2014.
Les deux parties ont dit l'année dernière souhaiter boucler ce dossier en 2020.
CRISPATIONS SUR HONG KONG
Du côté des Européens, on souhaite voir des avancées dans les secteurs de l'automobile, des biotechnologies et de la microélectronique et régler les questions des subventions publiques ou encore des transferts forcés de technologies. Pour Bruxelles, les marchés européens sont largement ouverts et c'est donc à Pékin de faire le plus bouger les lignes.
Selon Li Keqiang, la Chine souhaite approfondir sa coopération avec l'Union européenne dans le développement d'un vaccin et d'un traitement contre le COVID-19.
L'Union européenne reproche toutefois à la Chine d'avoir cherché à exercer des pressions sur certains pays européens qui critiquaient l'attitude de Pékin, notamment dans son utilisation des réseaux sociaux pour répandre des informations erronées, ce que réfutent les autorités chinoises.
Les divergences entre les deux blocs ne se limitent cependant pas à l'épidémie de coronavirus, comme en témoignent les vives réactions des Occidentaux aux comportements de la Chine à Hong Kong.
Pékin a mal réagi au vote par le Parlement européen d'une résolution contre la loi de sécurité nationale pour la région semi-autonome.
L'assemblée a adopté vendredi une résolution demandant à l'Union européenne (UE) de traduire la Chine devant la Cour internationale de Justice de La Haye et à envisager des sanctions économiques si Pékin impose à Hong Kong sa nouvelle loi de sécurité, provoquant une réaction outrée du Parlement chinois.
Ursula von der Leyen et Charles Michel ont dit avoir prévenu que la Chine s'exposait à des "conséquences très négatives" si la loi venait à être appliquée.
"L'UE est en contact avec ses partenaires du G7 sur ce sujet et nous avons très clairement exprimé aujourd'hui notre position aux dirigeants chinois", a déclaré Ursula von der Leyen.
(Avec Roxanne Liu et Se Young Lee; version française Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse, édité par Bertrand Boucey)