PARIS (Reuters) - Le président français Emmanuel Macron a déclaré lundi que rien n'était exclu pour empêcher la Russie de gagner la guerre, pas même l'envoi de troupes au sol en Ukraine, en épilogue d'une conférence organisée à Paris avec des dirigeants européens pour discuter du soutien militaire et financier à Kyiv.
"Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée, des troupes au sol. Mais rien ne doit être exclu, nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner", a déclaré Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion.
"Je n'ai absolument pas dit que la France n'était pas favorable (à l'envoi de troupes, ndlr)", a-t-il insisté.
Le président français a également annoncé une coalition pour la livraison de "missiles et bombes à moyenne et longue portée qui sont extrêmement importantes pour les Ukrainiens", sans donner davantage de détails.
Une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement se sont réunis ce lundi à l'Elysée, à l'initiative du président français, pour une démonstration d'unité et de soutien à l'Ukraine, deux ans quasiment jour pour jour après le lancement par la Russie, le 24 février 2022, d'une offensive dénoncée par Kyiv et ses alliés occidentaux comme une invasion.
L'objectif, selon la présidence française, est d'opposer aux discours martiaux du président russe Vladimir Poutine le volontarisme des Occidentaux, qui "ne permettront pas la défaite de l'Ukraine", alors que l'armée russe a récemment engrangé de petits succès face à des forces ukrainiennes en manque d'armes et de munitions.
Emmanuel Macron a rappelé que la "défaite de la Russie est indispensable à la sécurité et à la stabilité de l'Europe".
"Sur le front ukrainien, les positions sont de plus en plus dures et nous savons aussi que la Russie prépare des attaques nouvelles, en particulier pour sidérer l'opinion ukrainienne", a déclaré le président français en ouverture des discussions.
"Le constat collectif est que notre sécurité à tous est aujourd'hui en jeu", a-t-il souligné. "Nous sommes aujourd'hui (...) au moment d'un sursaut qui est nécessaire de notre part à tous, compte-tenu de la transformation de la menace d'un point de vue militaire et stratégique", a poursuivi le chef de l'Etat.
Pour Emmanuel Macron, "la Russie ne peut ni ne doit gagner cette guerre en Ukraine".
"Nous ne souhaitons pas entrer en guerre avec le peuple russe, mais nous sommes déterminés à garder la maîtrise de l'escalade", a-t-il dit, invitant à "voir sur le plan national et collectif comment nous pouvons faire plus, plus en soutien budgétaire, plus en soutien militaire".
Via le réseau social X, l'Elysée a partagé un message vidéo de Volodimir Zelensky préenregistré et diffusé à l'ouverture de la conférence, dans lequel le président ukrainien remercie Emmanuel Macron du soutien français et pour l'accord de sécurité signé récemment entre les deux pays, avant de remercier ses "amis" européens.
"Ensemble, nous avons déjà sauvé des millions de vies et ensemble, nous devons nous assurer que Poutine ne puisse pas détruire nos efforts ni étendre son agression à d'autres nations", a déclaré le dirigeant ukrainien.
A l'Elysée, on souligne que l'objectif de la réunion de Paris était "de faire douter le président Poutine, de casser cette idée qu'il est tenté de faire croire qu'il va gagner".
Et, ajoute-t-on, de n'être "ni 'doomy' ni 'gloomy'", deux termes anglais aux échos fort pessimistes qui ont dominé les commentaires sur l'Ukraine lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, à la mi-février.
Le sommet de Paris, qui se voulait "opérationnel", n'a toutefois pas débouché sur de nouvelles aides militaires significatives en faveur de Kyiv.
Le chancelier allemand Olaf Scholz, le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte ainsi que des dirigeants scandinaves, baltes et polonais étaient présents à Paris.
Les Etats-Unis étaient représentés par le secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires européennes et eurasiennes Jim O'Brien, le Canada par le ministre de la Défense Bill Blair.
(Reportage Michel Rose et John Irish, rédigé par Sophie Louet et Zhifan Liu, édité par Tangi Salaün et Jean Terzian)