PARIS (Reuters) - Airbus Group a vendu vendredi 8% des actions de Dassault Aviation et a l'intention de céder 10% supplémentaires du capital de l'avionneur d'ici le 30 juin 2015, ont annoncé les deux groupes.
Dassault Aviation a précisé qu'il comptait annuler ces actions ainsi que d'autres rachetées précédemment, soit au total 9% de son capital, dans le cadre de son programme de rachat d'actions approuvé par ses actionnaires fin septembre.
Cette cession par Airbus Group de 810.072 actions, au prix de 980 euros par action avec une décote de 9,2% comparé au cours de clôture de Dassault Aviation vendredi, entre dans le cadre du projet de désengagement de la maison-mère d'Airbus du constructeur de l'avion de combat Rafale annoncé en juillet.
A l'issue de cette première étape, la participation d'Airbus Group dans Dassault Aviation sera ramenée de 46,3% à 42,1%.
Le groupe européen d'aérospatiale et de défense, qui n'a jamais été en mesure d'influer sur la stratégie de l'avionneur tricolore, a décidé de céder cette participation à la suite de la réorganisation de son actionnariat et de sa gouvernance en 2013.
Selon deux sources proches du dossier, les deux groupes ont pour objectif de conclure la vente de l'intégralité de la participation d'Airbus Group dans Dassault Aviation d'ici la fin 2015.
POSSIBLE NOUVEAU RACHAT D'ACTIONS CHEZ DASSAULT
"Airbus Group et Dassault Aviation ont signé ce jour une convention concernant l'acquisition par Dassault Aviation d'un bloc de ses propres actions auprès d'Airbus et la coopération entre les deux sociétés pour la réalisation éventuelle en 2015 d'un ou plusieurs placements privés par Airbus d'actions Dassault Aviation", précise l'avionneur dans un communiqué.
Cette convention s'accompagne d'un pacte "non concertant" conclu entre GIMD (Groupe Industriel Marcel Dassault), qui détient 50,55% du capital de Dassault Aviation, et l'Etat.
Cet accord accorde à l'Etat un droit de préemption sur tout transfert de titres Dassault Aviation par GIMD lui faisant franchir à la baisse le seuil de 40% du capital de Dassault Aviation ainsi que sur tout transfert de titres ultérieur en deçà de ce seuil, précise Dassault Aviation.
Les ministères des Finances, de la Défense et de l'Economie ont précisé que cette convention était d'une durée minimale de 20 ans, "permettant à l'Etat d'assurer la défense de ses intérêts essentiels en cas d'évolution du contrôle de cette entreprise stratégique, du fait notamment de sa contribution à la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire".
La maison mère d'Airbus avait indiqué début octobre réfléchir à la vente d'une première tranche d'environ 10%, avant d'indiquer à la mi-novembre qu'elle attendrait probablement des conditions de marché plus favorables en 2015 pour démarrer le processus.
La cession d'une deuxième tranche pouvant aller jusqu'à 10% du capital de Dassault Aviation, voire plus si Airbus Group le souhaite, interviendra d'ici le 30 juin 2015 si les conditions de marché le permettent.
"Nous conservons (...) toute notre flexibilité quant au calendrier et conditions de marché, avec le soutien de Dassault Aviation, pour nous permettre d'optimiser les prochaines étapes de cette monétisation durant 2015", déclare Marwan Lahoud, directeur général délégué chargé de la stratégie d'Airbus Group dans
Dassault Aviation précise s'être engagé à coopérer à la réalisation du ou des placements et à placer lui-même un ordre portant jusqu'à 5% du capital de Dassault Aviation, à un prix maximum de 980 euros par action également.
Afin de mettre en oeuvre cet accord, Dassault Aviation convoquera une assemblée générale des actionnaires d'ici fin janvier 2015 afin de statuer sur la mise en place éventuelle d'un nouveau programme de rachat d'actions.
Les actionnaires de Dassault Aviation avaient déjà voté le 24 septembre en faveur du rachat par le groupe de ses propres actions dans la limite de 10% du capital et pour un prix plafond de 1.200 euros par action, soit un investissement maximal de 1,2 milliard d'euros.
L'action Dassault Aviation, dont le Groupe industriel Marcel Dassault détient 50,55%, a clôturé vendredi en hausse de 0,66% à 1.079 euros, donnant une capitalisation de 10,93 milliards, après avoir atteint un plus haut de l'année à 1.225 euros en juillet.
(Cyril Altmeyer et Tim Hepher, édité par Matthieu Protard)