par Matt Spetalnick, Daniel Trotta, Jeff Mason et Frank Jack Daniel
LA HAVANE (Reuters) - Barack Obama est arrivé dimanche à La Havane pour une visite historique destinée à consolider le rapprochement entre les Etats-Unis et Cuba après des décennies d'hostilité.
Il est le premier président américain en exercice à se rendre à Cuba depuis Calvin Coolidge en 1928.
Le président américain a atterri à l'aéroport international José Marti de La Havane, à bord de son avion Air Force One, événement impensable il n'y a pas longtemps encore.
Sous un léger crachin, Barack Obama et sa famille ont été accueillis sur le tapis rouge par le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez. Ils sont montés ensuite à bord d'une limousine blindée à l'avant de laquelle flottaient de petits drapeaux américains et cubains, et ont quitté l'aéroport en convoi.
La cérémonie officielle de bienvenue se déroulera lundi lorsque Barack Obama sera reçu par le président cubain Raul Castro.
Les premiers mots du président démocrate aux Cubains sont venus sur Twitter, un service de messagerie sur internet que peu d'habitants de l'île utilisent régulièrement en raison des restrictions d'accès imposées par les autorités. "Que bola Cuba?", soit "comment ça va Cuba?" en argot cubain, a-t-il écrit. "Tout juste arrivé ici, impatient de rencontrer et d'écouter directement le peuple cubain."
Cette visite, qui doit durer jusqu'à mardi, vise à rendre "irréversible" le rapprochement entre les Etats-Unis et Cuba, amorcé par Barack Obama en décembre 2014, souligne la Maison blanche. Les relations diplomatiques ont été rétablies en juillet dernier entre les deux pays, qui continuent néanmoins d'entretenir de profonds désaccords.
Barack Obama entend tourner la page d'une hostilité datant de la Guerre froide, qui a débuté peu après le renversement en 1959 d'un gouvernement cubain pro-américain par des révolutionnaires emmenés par Fidel Castro, frère de l'actuel président.
EMBARGO
De nombreux obstacles demeurent néanmoins sur la voie d'une pleine normalisation des relations entre les deux pays, en premier lieu l'embargo économique des Etats-Unis sur Cuba que le Congrès à majorité républicaine à Washington refuse de lever.
Accompagné de son épouse Michelle et de leurs deux filles Sasha et Malia, Barack Obama a d'abord rencontré le personnel de l'ambassade des Etats-Unis tout juste rouverte à La Havane.
"C'est une occasion historique de s'adresser directement au peuple cubain", a-t-il dit aux diplomates américains.
Barack Obama et sa famille ont ensuite joué aux touristes pour leur première soirée dans l'île, dans la vieille ville de La Havane, où de petits groupes de Cubains et de vacanciers étrangers les ont salués. Le président américain a notamment visité la cathédrale de La Havane, un édifice du XVIIIe siècle, sous la conduite du cardinal Jaime Ortega, qui a joué un rôle majeur dans les négociations secrètes ayant abouti à la percée diplomatique de décembre 2014.
Lundi, Barack Obama aura un entretien avec Raul Castro, mais ne rencontrera pas son frère aîné Fidel, et prendra la parole devant un parterre d'entrepreneurs. Il verra à titre privé des dissidents mardi à l'ambassade des Etats-Unis et s'adressera en direct aux Cubains via les médias officiels. Il assistera aussi à une partie de baseball.
Peu avant l'arrivée de Barack Obama dans l'île, des policiers cubains, épaulés par plusieurs centaines de manifestants favorables au régime, ont dispersé dimanche la marche hebdomadaire des "Dames en blanc", un mouvement de dissidents, interpellant une cinquantaine de ses membres.
Cette scène se répète tous les dimanches mais l'intervention a tout de même paru plus vigoureuse que d'habitude cette fois.
Les femmes manifestaient dans le quartier de Miramar, dans la capitale, après la messe des Rameaux, et ont été poussées à l'intérieur de fourgons de police alors qu'elles venaient de s'asseoir pour bloquer une rue où les partisans du régime scandaient des slogans contre elles.
La dirigeante des Dames en blanc, Berta Soler, qui a été invitée à rencontrer Barack Obama mardi, figure au nombre des personnes emmenées par la police dimanche.
(Avec Marc Frank et Nelson Acosta à La Havane; Eric Faye et Bertrand Boucey pour le service français)