Safran (PA:SAF) a choisi le Mexique pour accompagner la montée en cadence de production de moyen-courriers d'Airbus (PA:AIR) et Boeing (N:BA) avec l'établissement d'une nouvelle usine de pièces en matériaux composites pour le moteur Leap bénéficiant de coûts réduits en zone dollar.
Le motoriste aéronautique a également inauguré jeudi un site de réparation de pièces de moteurs CFM56 pour profiter du segment lucratif de la maintenance des moteurs d'avions.
Il poursuit ainsi à Querétaro (centre du Mexique) une aventure engagée il y a 20 ans dans le pays, devenu son troisième pôle d'implantation dans le monde.
"L'inauguration de cette nouvelle usine au Mexique et la création d’un troisième site Safran/Albany à Querétaro illustre l'importance du Mexique dans la stratégie de développement international de Safran", a déclaré Philippe Petitcolin, le directeur général.
"Dans le secteur aéronautique mexicain, le groupe est le premier investisseur et le premier employeur industriel, avec près de 6.000 collaborateurs", a-t-il ajouté.
L'usine dédiée à la réparation de pièces de moteurs CFM56 doit répondre "à un besoin de proximité du marché américain". Ce moteur a permis à Safran et General Electric (N:GE) de s'imposer comme numéro un mondial sur le segment moyen-courrier au travers de leur coentreprise CFM International.
L'objectif est de "maintenir la compétitivité des activités de réparation et de consolider la présence de Safran sur ce marché", alors que les moteurs représentent la moitié du coût dans le cycle de vie d'un avion. Cette dixième usine du groupe au Mexique emploiera 150 personnes à terme contre 75 aujourd'hui.
Mais l'annonce la plus importante concerne la création avec son partenaire américain Albany d'une troisième usine dédiée aux moteurs Leap, sur le modèle de celles de Rochester, dans le New Hampshire aux Etats-Unis (mars 2014) et de Commercy dans la Meuse (novembre 2014).
Le Leap doit équiper les A320neo et 737 MAX, les versions remotorisées des moyen-courriers vedettes d'Airbus et Boeing, avec une réduction de la consommation de carburant de l'ordre de 15%.
Elle produira des aubes de soufflantes en matériau composite tissé 3D principalement pour le moteur Leap 1B destiné aux 737 MAX, et ce dès la fin 2017.
"Les pièces produites sur ce site sont en effet destinées au marché américain (pour le 737 MAX de Boeing que le LEAP motorise en simple source) alors que la production de l’usine de Commercy est plus particulièrement destinée aux moteurs d’Airbus, essentiellement en Europe", explique Safran.
- montée en cadence -
La décision de créer ce nouveau site a été prise à l'automne afin d'accompagner l'accélération des cadences de production des A320neo et des 737 MAX, dont les carnets de commandes représentent des années de production.
Safran doit donc lui-même réussir la montée en cadence de son moteur, avec plus de 10.000 Leap commandés à ce jour avant même son entrée en service dans quelques mois.
Les volumes de production augmenteront très fortement dès 2018 pour atteindre en 2021 une production annuelle de plus de 20.000 aubes.
Un défi industriel de taille que souligne Philippe Petitcolin, avec l'objectif est de livrer une centaine de moteurs en 2016, 500 en 2017, 1.200 en 2018, et 1.800 en 2019 et 2.000 en 2020, dont des moteurs Leap destinés au C919 du chinois Comac.
Le choix du Mexique s'est imposé car outre la présence de Safran sur place - il y a investi plus d'un milliard d'euros en 10 ans -, le pays offre une proximité géographique avec les Etats-Unis et une main d'œuvre qualifiée à moindre coût en zone dollar.
Le Mexique a fait de l'aéronautique une priorité de son développement industriel, ce qui lui a permis de s'imposer auprès des équipementiers, motoristes et sous-traitants du secteur.
Cet investissement permet ainsi au groupe de réduire le coût moyen de production des aubes de l'ordre de 20 à 30%, selon son dirigeant.
Au total, l'investissement pour cette usine Leap s'élève à 74 millions de dollars pour Safran et Albany, qui bénéficie en retour du soutien des autorités mexicaines en sus de son investissement à hauteur de 20% (terrain, infrastructures, aide à la formation, etc.). Près de 500 emplois y seront créés à terme.