par George Georgiopoulos
ATHENES (Reuters) - Les banques grecques vont être soumises au cours des prochains mois à des tests de résistance accélérés afin d'évaluer leurs besoins en capitaux frais, les autorités souhaitant boucler leur recapitalisation avant la fin de l'année.
Ce nouvel examen réalisé par les autorités européennes et grecques sera achevé après l'été, a dit une source bancaire à Reuters, l'objectif étant de renforcer le bilan des banques avant l'entrée en vigueur, en janvier, d'une nouvelle réglementation qui peut conduire à faire participer les gros déposants au renflouement d'un établissement bancaire en difficulté.
Comme toutes les principales banques de la zone euro, les grandes banques grecques ont déjà subi l'an dernier des "stress tests" et une revue de la qualité des actifs (AQR), un exercice qui a nécessité neuf mois de travaux.
Mais depuis, la situation des quatre principaux acteurs du secteur en Grèce (la Banque nationale de Grèce, la Banque du Pirée, Eurobank et Alpha) s'est fortement dégradée, tout comme la situation budgétaire et économique du pays, ce qui rend nécessaire une nouvelle recapitalisation, la troisième depuis 2010.
"L'examen dans son ensemble sera achevé après l'été", a dit la source, qui a requis l'anonymat. "Il s'agira d'un processus plus rapide que le bilan de santé de l'an dernier."
Les préparatifs de ces nouveaux tests sont déjà en cours à la Banque centrale européenne (BCE), qui pourrait utiliser les mêmes critères d'évaluation et les mêmes hypothèses qu'en 2014.
ÉVITER LE "BAIL-IN"
"C'est un processus standard qui sera suivi, pour évaluer le manque de capitaux de chaque banque. Le ratio de fonds propres 'core equity capital' requis pourrait être de 8% dans un scénario de base et de 5,5% dans un scénario tendu, comme dans les stress tests de l'an dernier. Mais cela n'est pas encore arrêté", a précisé la source.
La Grèce a mis en place fin juin des mesures de contrôle des capitaux pour freiner les retraits massifs subis par les banques, mais cela a eu pour effet d'accélérer la récession et d'augmenter le poids des créances douteuses des banques.
Selon des statistiques des créanciers internationaux de la Grèce, les quatre grandes banques pourraient avoir besoin de 10 à 25 milliards d'euros de capitaux frais au total.
La perspective d'une recapitalisation a contribué à la chute des cours de Bourse des quatre groupes cette semaine, qui a atteint 63% pour le secteur en trois séances. Depuis janvier, la capitalisation globale des quatre banques a fondu de 75%, soit de 14,5 milliards d'euros.
Le Fonds hellénique de stabilité financière (FHSF) a injecté 25 milliards d'euros au total en 2013 dans le bilan des banques en entrant à leur capital, devenant l'actionnaire majoritaire de chacune d'elles à l'exception d'Eurobank.
Or le mois dernier, le Parlement grec a adopté la Directive européenne sur le redressement et la résolution des crises bancaires (BRRD), qui prévoit la possibilité d'un "bail-in", c'est à dire une participation forcée des déposants au sauvetage de leur banque, afin d'épargner le contribuable.
COURSE CONTRE LA MONTRE
"Il va falloir une course contre la montre pour boucler la recapitalisation avant la fin de cette année. Si cela se fait en 2016, quand la directive BRRD entrera totalement en vigueur, cela pourrait faire courir un risque aux gros déposants", a dit la source bancaire. "Boucler ça cette année évitera de fait un 'bail-in' aux déposants."
En effet, les clients disposant de plus de 100.000 euros sur leurs comptes seront épargnés si la recapitalisation est réalisée avant la fin de l'année. Il n'en ira cependant pas de même des actionnaires et des détenteurs de dette subordonnée.
Le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, a déclaré cette semaine que les créanciers internationaux voulaient eux aussi achever la recapitalisation cette année.
De son côté, Christian Noyer, l'un des membres du Conseil des gouverneurs de la BCE, s'est dit opposé à la mise à contribution des gros déposants pour recapitaliser les banques, l'option qui avait été retenue pour les banques chypriotes en 2013, en soulignant qu'en Grèce, la majeure partie de ces déposants étaient des petites et moyennes entreprises.
Des sources bancaires en Grèce expliquent qu'une fois la recapitalisation assurée et un accord définitif conclu sur les modalités d'un nouveau plan d'aide de la zone euro, les déposants seront rassurés, ce qui permettra de lever les mesures de contrôle des capitaux.
"Aussi longtemps que les banques restent sous-capitalisées, le contrôle des capitaux ne pourra pas être levé, c'est un énorme problème pour les déposants", a dit la source bancaire. "Plus tôt cela se terminera, mieux ce sera."
(Marc Angrand pour le service français)