Par Alessandro Albano
Investing.com - L'effet calmant de la Banque d'Angleterre sur les marchés obligataires a duré moins d'une journée, le rendement du Bund allemand 10 ans repassant au-dessus de 2,2% ce jeudi, des niveaux qui n'avaient pas été vus depuis décembre 2011, c'est-à-dire depuis la crise de la dette de la zone euro.
Plus tôt dans la journée, le rendement de l'indice de référence allemand est passé sous la barre des 2,1 %, suivant le mouvement de baisse des rendements des gilts britanniques après que la BoE soit intervenue de manière décisive sur le marché en annonçant l'achat d'obligations d'État britanniques à long terme jusqu'au 13 octobre.
Le blitzkrieg de Paternoster Square (NYSE:SQ) est venu endiguer les effets du plan de dépenses du gouvernement nouvellement installé par Liz Truss, qui a annoncé 161 milliards de livres de réductions d'impôts financées par des émissions de dettes et d'obligations.
Un plan qui a provoqué un tremblement de terre sur les actifs financiers de l'ancien empire et que certains observateurs ont appelé avec sarcasme "Trussonomics", le Fonds monétaire international et l'agence Moody's l'ayant également rejeté de manière retentissante.
"L'intervention d'hier de la Banque d'Angleterre pour endiguer une crise sur la stabilité financière du Royaume-Uni a profité aux rendements mondiaux à long terme", écrit Gabriel Debach, analyste du marché italien chez eToro, sur Investing.com.
Avec une puissance de feu de 65 milliards de livres, souligne l'analyste, "la BoE a suspendu son programme de vente de gilts - dans le cadre d'un effort visant à contenir la hausse de l'inflation - et s'est engagée à acheter des obligations à long terme au rythme de 5 milliards de livres par jour pendant les 13 prochains jours de la semaine".
"Il n'y a rien de mal à être ambitieux au sujet de l'économie, mais le timing est tout ce qui compte et lorsque le coût est une hausse des taux d'intérêt, il n'y aura pas beaucoup de gagnants et l'économie n'en bénéficiera tout simplement pas", ont commenté les analystes d'Oanda.
Il s'agit maintenant de savoir si la pression externe (et interne) obligera le gouvernement à repenser sa position", ont-ils ajouté.
Les perspectives de relèvement des taux par la BCE viennent s'ajouter à ce tableau, plusieurs responsables appelant ces jours-ci à une deuxième hausse "jumbo" de 75 points de base du taux de l'euro lors de sa prochaine réunion prévue en octobre.
Et non des moindres, le banquier central estonien Madis Müller, selon qui Francfort doit procéder "à une autre hausse significative des taux", et devrait entamer "relativement vite le débat sur la réduction de son bilan".
Outre la normalisation monétaire, les tensions sur les marchés de l'énergie pèsent sur les obligations d'État en raison des effets inflationnistes et des retombées sur la croissance économique.
Dans tout cela, le {{23738|10 ans} Btp rapporte maintenant plus de 4,64% sur le marché secondaire avec spread à 245 points de base.