L'Union européenne a montré ses crocs vendredi pour dissuader la Chine de se lancer dans une guerre commerciale à cause de sa taxe sur la pollution aérienne et a invité tous ses partenaires à oeuvrer à un accord international dans le secteur aérien sur la protection de l'environnement.
"Si des pays décident des mesures discriminatoires contre des sociétés européennes, la Commission prendra immédiatement les mesures appropriées, en étroite collaboration avec les autorités des Etats membres concernés" par ces rétorsions, a averti la commissaire européenne chargée du Climat, Connie Hedegaard, au cours d'une réunion des ministres de l'Environnement de l'UE à Bruxelles.
L'Union européenne refuse de céder aux menaces et "maintiendra son système tant qu'une solution internationale n'aura pas été trouvée pour réduire les émissions du secteur du transport aérien", a pour sa part affirmé à la presse le ministre danois chargé du Climat, Martin Lidegaard, qui préside la réunion.
"Tous les Etats ont soutenu cette ligne", a affirmé Connie Hedegaard dans un message mis sur son compte Twitter.
L'UE a resserré les rangs et opté pour la fermeté après que les pressions de Pékin ont commencé à ouvrir des brèches dans le front européen.
Louis Gallois, président exécutif d'EADS-Airbus, a en effet réclamé jeudi l'abandon de la taxe européenne, car le gouvernement chinois a décidé en représailles de geler des commandes.
"La décision de Pékin a déjà un impact industriel : elle frappe 45 Airbus long-courriers, soit 10 A380 et 35 A330", a-t-il assuré. La conséquence va être des pertes d'emplois, a renchéri le porte-parole d'Airbus, Rainer Ohler.
Le ministère allemand de l'Economie s'est aussi fait l'écho de ces menaces et a fait part de sa préoccupation, avant d'être recadré par le ministère de l'Environnement, chef de file dans ce dossier.
Car la Commission n'est pas convaincue de la mise a exécution des menaces de la Chine. Connie Hedegaard a promis de vérifier, et, pour le moment, aucun gouvernement européen ne les prend pour acquises, selon des participants à la réunion de vendredi.
"Personne n'a intérêt à une guerre commerciale", a expliqué à l'AFP un de ces participants. Mais l'Union se prépare, au cas où il faudrait réagir, a-t-il souligné.
La méthode chinoise a en fait échaudé certains adversaires de la taxe européenne, notamment les Américains, car "ils ont pris conscience qu'ils pourraient être demain les victimes de cette méthode", a confié à l'AFP un responsable européen.
La législation européenne, entrée en vigueur sur le papier le 1er janvier 2012, oblige les compagnies opérant dans l'Union européenne, quelle que soit leur nationalité, à acheter l'équivalent de 15% de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes, pour lutter contre le réchauffement climatique.
26 des 36 membres de l'OACI, dont la Chine, les Etats-Unis et la Russie, contestent la mesure.
Mais les dissensions apparues dans la coalition des mécontents permettent de jouer la carte des négociations au sein de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), estiment les Européens.
"L'UE et bien d'autres pays veulent une solution internationale au sein de l'OACI", a insisté Martin Lidegaard.
Plusieurs options sont examinées au sein de l'OACI et un compromis pourrait être trouvé au bout du compte sur un mécanisme mondial permettant de maîtriser les émissions de dioxyde de carbone de l'aviation.
Le transport aérien représente 3% des émissions mondiales de CO2, un des gaz à effet de serre responsables du réchauffement du climat.