par Dominique Vidalon
PARIS (Reuters) - Pernod Ricard (EPA:PERP) a publié jeudi des résultats annuels supérieurs aux attentes, gonflés par des hausses de prix sur tous ses marchés alors que les consommateurs se tournent davantage vers des boissons plus chères.
Pour l'exercice qui a débuté le 1er juillet, le groupe français de vins et spiritueux, numéro deux mondial de son secteur derrière Diageo (LON:DGE), s'attend à "un bon démarrage" au premier trimestre malgré un contexte "qui reste instable", sur fond d'inflation élevée à travers le monde, d'offensive militaire russe en Ukraine et de nouveaux confinements dus au COVID-19 en Chine.
Chengdu, l'une des plus grande villes chinoises, a annoncé jeudi un confinement de ses 21,2 millions d'habitants, soit le plus important dans le pays depuis celui de Shanghai au printemps, qui a duré deux mois, tandis que les restrictions sanitaires ont été durcies à Shenzhen, principal pôle des industries de hautes technologies du sud de la Chine.
Le titre Pernod Ricard cédait 1,01% à 181,70 euros après quasiment une heure d'échanges à la Bourse de Paris, dont l'indice vedette CAC 40 perdait 1,35% au même moment.
Le courtier Jefferies a souligné dans une note d'analystes que le message sur le premier trimestre était rassurant mais a relevé l'absence de prévisions chiffrées pour l'exercice 2022-2023.
"L'été a été bon pour nous", a dit le PDG Alexandre Ricard à Reuters par téléphone, tout en se disant confiant dans la capacité du groupe à poursuivre les hausses de prix.
HAUSSE DU DIVIDENDE DE 32%
Avec un "free cash-flow" courant à un niveau record de 1,926 milliard d'euros, le propriétaire du cognac Martell, du champagne Mumm ou encore de la vodka Absolut propose d'augmenter le dividende versé à ses actionnaires de 32% pour le porter à 4,12 euros par action, ainsi qu'un programme de rachats d'actions de 500 à 700 millions d'euros pour l'exercice en cours.
Sur les 12 mois au 30 juin dernier, le résultat opérationnel courant (ROC) s'est élevé à 3,024 milliards d'euros, soit une croissance organique de 19%, supérieure aux attentes des analystes, qui prévoyaient 18,1%.
Le chiffre d'affaires a atteint 10,701 milliards d'euros, en croissance organique de 17%, avec des ventes en hausse de 8% aux Etats-Unis, de 5% en Chine et de 26% en Inde.
Pernod Ricard affirme avoir gagné des parts de marchés dans la plupart de ses régions, alors que les prix ont augmenté sur tous les marchés, aux alentours de 5% en moyenne, permettant de compenser l'impact de l'inflation sur les coûts.
Les ventes ont été soutenues par la "forte reprise" de la consommation dans les bars et restaurants ("on-trade"), la "résilience" de la consommation à domicile ("off-trade") et le "rebond rapide" de la distribution dans les lieux de transports ("travel retail") malgré les limitations persistantes des voyages en Chine en raison de sa politique de "zéro COVID" face à la pandémie.
Pernod Ricard s'est dit confiant dans la réalisation de ses objectifs à moyen terme sur 2023-2025.
Ces objectifs consistent en une croissance organique annuelle des ventes dans la partie supérieure d'une fourchette de 4% à 7% et, si cette croissance est réalisée, une augmentation de sa marge opérationnelle de 50 à 60 points de base par an.
(Reportage Dominique Vidalon, version française Bertrand Boucey, édité par Marc Angrand et Tangi Salaün)